Petite fable affable
Un merle, vieux et veuf, s’éprit
D’une petite drolette.
Pour épouse, vite il la prit
Bien que cette merlette
Pût être sa fille. Au bas mot.
Ils y trouvaient leur compte
Et chez les animaux
Point de préjugés pour ces contes
De morale à grumeaux
Qui tuent à coups de “on raconte”
L’Amour, ses biens, ses maux,…
Le merle, mieux qu’un bœuf, se prit,
Avec la jouvencelle,
À ne plus sentir - piperie ? -
Le poids des ans qui scellent
Une vie sans tendres accords.
La joie, la paix à l’âme,
Il rajeunissait, cœur et corps,
Se faisant feu et flammes
À chacun de leur corps-à-corps.
Et il allait, Mesdames,
À ces jeux, d’exploits en records.
Notre merle, dieu neuf, apprit
Pourtant que ces idylles,
Sans parler d’argent, ont un prix,
Que jeunesse est labile,…
Oui, c’était cousu de fil blanc
Après le temps qui presse,
Viennent, pour lui, les ans aidant,
Tendresses et caresses :
On devient l’aimé moins l’amant.
Mais, c’est là la tristesse,
La merlette, elle, avait vingt ans…
Le merle, vieux et veuf, comprit
Que rien de beau ne dure,
Quoi que l’on croie, qui que l’on prie,
Idole ou bien épure.
Sa femme, c’est bien affligeant,
Séchait les chaudes larmes
Que faisaient pleuvoir Paul ou Jean
Quand ils boudaient ses charmes
- Temps passant, amants exigeants ! -
À la foi de son carme
Qui redevint seul, songeant :
« L’Amour a les sens pour essence :
Si ce sentiment se nourrit
De corps, de noces en licences.
Il s’abreuve, amant ou mari,
À des âmes en effervescence.
Sans l’un et l’autre, il dépérit… »
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