Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 30 décembre 2016

ICI, SITE AUX VUES IMPRENABLES !

Édito’ de juillet pour RuedesFables

Qu’un site internet se voue à un genre ancestral, est-ce bien raisonnable ? Que des virtuoses du virtuel fassent l’apologie de l’apologue d’ordinaire réservé aux salles à fabliau noir et craies ocrées, et que des futiles fabulateurs - « Quel esprit ne bat la campagne ?! » - reprennent humblement, mais pas en fumistes, le flambeau moins fumeux que fumant des fameux fabulistes de jadis, est-ce utile ? Oui, à quoi bon ?!… Cela ne laisse guère de traces de marcher d’un pied leste et modeste sur les pas d’autres écrivains en troussant l’anecdote plutôt que le cotillon ou en filant, telle Pénélope, la métaphore comme un Turc, et de rester dans leur ombre tutélaire.

Pourquoi donc ?… Parce que « ce que la fable a inventé, l'histoire le reproduit parfois » (V. Hugo, Les Burgraves, 1843) et que, mieux, « c’est être (…) ami de la sagesse, c'est être philosophe que d’aimer les fables » (Aristote, Métaphysique). Même si, ver après ver, cela devient philosophie de conteur ?! Aussi ne peut-on que récuser A. de Lamartine dont, tout enfant - la chair est faible ! - j’ai lu tous les livres : Lamartine à la plage, Lamartine à la ferme, Lamartine petite maman,… Homme de lettres et de l’être sous les hêtres, romantique à l’eau tiède, sans ambages il osait avec des lettres toutes en jambages, ne voir chez le Bon Papi Jean que : « vers boiteux, disloqués, inégaux, sans symétrie ni dans l’oreille ni sur la page (…), histoires d’animaux qui parlent, qui se font des leçons, qui se moquent les uns des autres, qui sont égoïstes, railleurs, avares, sans pitié, sans amitié, plus méchants que nous, (bref,…) philosophie dure, froide et égoïste d’un vieillard (…) ! »  (Méditations poétiques, 1820) Lit-on plus aujourd’hui la prosodie vieillie de Lamartine que la poésie toujours jeune de La Fontaine ?

Parce que la fable illumine la nuit de nos jours comme le songe le sommeil le plus lourd, ici, sans rime ni raison, on égrène le fablier des maîtres à panser et des penseurs pansus sur les traits saillants de l’humaine société si souvent bestiale, sur nos lâchetés bébêtes et nos instincts animaux en contes croquant le monde comme il va. Ils offrent aux contempteurs peu contemplatifs du compteur-temps, sans détour, à leur tour, le goût de se moquer d’eux-mêmes et de réfléchir car, comme le dit le proverbe rundi, « on ne raconte pas de fable à des enfants endormis » ! Alors si vous aimez ferrailler, pourquoi le faire ailleurs ?! Vous êtes à bonne adresse… sur le seul site qui ose encore les vers, faits de jeûnes et de bleus aux genoux, et la prose qui ne “fessier” personne !

Entrez donc, en passant ou en chaland, dans cette « RuedesFables » si bien advenue et abusez de ses étals à fabulettes, ses présentoirs affables pour qui refuse de se boucher les oreilles, de fermer ses yeux et de se clore la bouche ; prenez à l’éventaire des fabulateurs de tous temps et de tous lieux ces mots qui font maximes comme disait La Rochefoucault dont le prénom était pourtant François : un écrit, comme un paysage, n’a de valeur que par le regard qu’on porte sur lui et n’a de saveur qu’autant qu’on le goûte. Ici, tous sont pleins de ce « bon sens  » qui est le seul qui ne nous soit pas encore interdit ou frappé d’interdit. Car dans tous les coins si le conte est bon, pris à la lettre, il devient un mensonge dont on tire une vérité ; pour cela, nobliaux, apologistes et messieurs restés parfois quidams ont cousu sur leur écritoire à écriteau inexcusables défauts, tares inavouables et dérives provisoires… propres à nos prochains qui sont, pour d’aucuns, nos proches, esprits faibles autant que fortes têtes. Ah, quel délice de faire l’article et se vautrer sur la paille de leurs inavoués penchants sans se chauffer en brûlant la poutre de nos petitesses… pour sûr aussi  peu sages que passagères !


Fabuleusement et flâneusement vôtre !

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