Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 21 décembre 2016

LE LION ANGÉLIQUE

Petite fable affable d’après une phrase d’Aristote (Éthique à Nicomaque, livre I, chap. VI, 1098a) 
elle-même inspirée par une fable d’Ésope, Le Jeune Prodigue et l’Hirondelle.

Un lion fort cruel se posa pour couronne 
Une tonsure, un jour, parce que sa daronne,
Voulant lui chercher dans la crinière des poux,
Lui reprocha d’être un roi dont la vie ripoue
N’était qu’erreurs faites et fautes induites :
Il s’achète aussitôt une autre conduite !

Le voilà qui joue ce jour au Saint,

Mangeant végétarien à dessein
Et va, citant partout la bonne parole.
Il murmure, tout à plein dans son rôle,
Sans jamais, non jamais, hausser le ton
Et tend l’autre joue au martin-bâton
Qui le malmène. Il essuie l’insulte
Par la prière et lave tout affront
De son pardon comme un simple gnafron.
En “juste”, il parlait comme l’Évangile,
Se faisait malléable comme argile :
Ce jour sage fut loué au loin
Mais chez lui on le savait fort chafouin.

Certes on aime fort ce si soudain ascétisme

Comme on s’étonne de ce constant stoïcisme,
Mais chacun sait qu’une hirondelle ne faisant 
Nulle part le printemps, pour un tel malfaisant
Un seul acte moral ne fait ni l’auréole
Ni la vertu comme on dit trop chez les bignoles !

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