Petite fable affable
Un vieux rat, que l’on disait avide
Tout autant, hélas, qu’avaricieux
Maudissait les dieux et les Cieux
D’avoir créé tant d’êtres à la bourse vide.
Il proclamait que « Donner » était mort
Et « Prêter », son cousin, des plus malades ;
Et pourtant, chaque jour, qu’il se balade
Ou soit affairé, un Sans- Remords
Venait pour quêter, en pleurs, quelque aumône
Ou pour quémander pelures d’anones…
Mais le grippe-sou, l’air las, expliquait
Alors que, malheur, il avait en poche,
Accroché comme une moule à sa roche,
Un énorme oursin qui, las, s’appliquait
À le rendre à jamais pleure-misère
Et à passer pour racle-denier, lui
Qui était plus généreux qu’eau de pluie,
Offrant sans compter épine au Rosaire :
Il était économe et non mesquin
Ou pis, grigou, n’en déplaise aux pasquins !
C’est donc cet animal marin de poche
Qui avait adopté notre radin,
Qui en faisait le ladre, un brin badin,
Qu’il était devenu. C’est bien moche !
D’aucuns crurent ce Fesse-Mathieu
De profession, aux champs comme en ville,
Sans s’étonner que, l’âme servile,
Il se fit cussou peu amitieux
Et sans concession. Foi, de bedeau,
Sa vie ne devait pas être un cadeau !
Mais si certains détestaient fort ce pingre,
On haïssait plus encor’ cet oursin,
Cet invisible barbare marin,
Qui le poussait toujours au don malingre,
Aux doigts croches, au sourire pincé,…
Cette bête vivait aux crochets d’un autre,
Ce qui est mal, vous dira tout bon apôtre,
Mais pire, en plus de son hôte rincer,
Il le faisait souffrir comme une bête,
Au point que ce rat perdait la tête !
Ainsi vécut ce rongeur liardeur,
Moins blâmé que plaint, toujours chiche
Et lésineur à tout heur, quoique riche,
Pourfendant tous les pauvres demandeurs.
Un jour, il fut victime d’un rapace,
Un vrai, un vautour - un peu rapiat
Lui aussi, dit-on ! - galapiat
Souvent. Hélas, bien plus qu’à son tour !
Car on ne retrouva , en fond d’impasse,
Que la veste de notre rat pouacre :
On en déduisit donc son massacre.
Vite, ceux dont l’esprit volait si bas
Que, s’il ne tombait pas dans l’ornière,
Il cognait à toute taupinière,
Fouillèrent, sans faire plus de débat,
Ses poches. Rien. Le vieil égoïste
Était bel et bien baratineur
Et moins ménager que lésineur :
Pas d’oursin chez cet anti-altruiste !
Tout rat, face aux défauts dont on l’accuse,
Trouve un tiers coupable pour excuse !
Tout autant, hélas, qu’avaricieux
Maudissait les dieux et les Cieux
D’avoir créé tant d’êtres à la bourse vide.
Il proclamait que « Donner » était mort
Et « Prêter », son cousin, des plus malades ;
Et pourtant, chaque jour, qu’il se balade
Ou soit affairé, un Sans- Remords
Venait pour quêter, en pleurs, quelque aumône
Ou pour quémander pelures d’anones…
Mais le grippe-sou, l’air las, expliquait
Alors que, malheur, il avait en poche,
Accroché comme une moule à sa roche,
Un énorme oursin qui, las, s’appliquait
À le rendre à jamais pleure-misère
Et à passer pour racle-denier, lui
Qui était plus généreux qu’eau de pluie,
Offrant sans compter épine au Rosaire :
Il était économe et non mesquin
Ou pis, grigou, n’en déplaise aux pasquins !
C’est donc cet animal marin de poche
Qui avait adopté notre radin,
Qui en faisait le ladre, un brin badin,
Qu’il était devenu. C’est bien moche !
D’aucuns crurent ce Fesse-Mathieu
De profession, aux champs comme en ville,
Sans s’étonner que, l’âme servile,
Il se fit cussou peu amitieux
Et sans concession. Foi, de bedeau,
Sa vie ne devait pas être un cadeau !
Mais si certains détestaient fort ce pingre,
On haïssait plus encor’ cet oursin,
Cet invisible barbare marin,
Qui le poussait toujours au don malingre,
Aux doigts croches, au sourire pincé,…
Cette bête vivait aux crochets d’un autre,
Ce qui est mal, vous dira tout bon apôtre,
Mais pire, en plus de son hôte rincer,
Il le faisait souffrir comme une bête,
Au point que ce rat perdait la tête !
Ainsi vécut ce rongeur liardeur,
Moins blâmé que plaint, toujours chiche
Et lésineur à tout heur, quoique riche,
Pourfendant tous les pauvres demandeurs.
Un jour, il fut victime d’un rapace,
Un vrai, un vautour - un peu rapiat
Lui aussi, dit-on ! - galapiat
Souvent. Hélas, bien plus qu’à son tour !
Car on ne retrouva , en fond d’impasse,
Que la veste de notre rat pouacre :
On en déduisit donc son massacre.
Vite, ceux dont l’esprit volait si bas
Que, s’il ne tombait pas dans l’ornière,
Il cognait à toute taupinière,
Fouillèrent, sans faire plus de débat,
Ses poches. Rien. Le vieil égoïste
Était bel et bien baratineur
Et moins ménager que lésineur :
Pas d’oursin chez cet anti-altruiste !
Tout rat, face aux défauts dont on l’accuse,
Trouve un tiers coupable pour excuse !
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