Petite fable affable d’après le
Quatrain XIV de * Pierre Matthieu (1563-1621)
Un cerf au port altier était roi.
Roi des bois, poste que l’on octroie,
À bon droit, aux siens depuis cette aube
Des temps que notre jeunesse daube.
Il avait pour bouffon, un faisan
Mais qu’il méprisait fort ce faisant.
« Peu me chaut le rire et la distance,
Je le clame. Au sire, il sied l’existence
D’un sage docte ou d’un saint sérieux.
Il n’en est que plus grand, plus glorieux.
Aussi dès potron-minet, utile
À tous, j’ordonne et tranche. Futile
Est le volage qui choit par choix,
Ou facilité, dans cette poix
Qui amuse et distrait le vulgaire
Qui vit dans mon orbe, être grégaire.
Point de cela avec moi : le temps
Est compté aux gens très importants ! »
L’oiseau continue pourtant de suivre
Ce roi que son pouvoir tant enivre,
Faisant et contrefaisant d’aucuns
Forestiers et mieux, tout-un-chacun
Même le cerf qui, bois au vent, toise
Ses façons qu’il juge discourtoises.
Flanqué de l’impertinent, le roi
Inspectait un bosquet quand, effroi
Il sent la fumée, hume la flamme
D’un incendie qui fit périr, Dame,
L’oiseau et ce monarque aux grands airs
Qui avait plus de blair que de flair.
Notre Vie n’est qu’une Comédie
Que que la Mort transforme en tragédie :
Que l’on soit César ou Arlequin,
On finit pareil, roi et faquin.
Qui gîte en haut lieu, et bonne place,
Devrait l’savoir mieux que populace !
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