Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 13 mars 2012

DANS LE LABYRINTHE DE L'ABSINTHE

Je déambule dans la fantasmagorie
D’un dédale désert où, seul, mon pas résonne…
La fée verte et le djinn m’ont bien endolori
Le crâne… On me suit ?… Et mon esprit déraisonne :
Hallucinations d’écho… Illusions de cris…

Comme habitée par un esprit devin pourri,
Une poubelle m’agresse et puis me renverse.
Je repars et tombe sur une théorie
De becs de gaz, goules déguisées, rabougries,
Mânes d’âmes damnées gobeurs d’espoirs aigris,…

La géométrie des rues que mon pas pétrit
Cahote à Cochin sous le crachin qui crachote…
On me suit… Elfe boit-sans-soif ? Nymphe flétrie ?
Je les entends.… Là, oui… Dans le noir… Ils chuchotent…
Les êtres fabuleux ont la nuit pour patrie !

J’erre comme un proscrit fuyant leurs railleries…
Une avenue vide… C’est sûr, là : c’est un piège !…
Je me tourne et ne voie qu’impasses assombries
Et sons assourdis… On me suit !… Pire, on m’assiège !
Alors je cours… Je cours… Ah, je les ai surpris !

Les néons me postillonnent au nez… Malappris !
Les souffles essoufflés enfin se taisent… Un malaise ?
Soudain, ils hurlent et sirènent un chant incompris…
On me suit ?… À ce coin de rue, une falaise !
Cadeau d’une Circé, preuve de son mépris…

Des pneus meurtris crient, les flaques décolorient…
Sous le regard sans égard de ces réverbères,
On me suit !…  Oui, sans menterie, sans vanterie,…
Dans ce brouillard  fantastique qui se libère ;
Ce mangeur d’âmes, auteur de drames, déjà rit !

Et le jour s’exténue dans cette féerie.
On me suit… Dans la nuit de suie, on veut me nuire :
Farfadets fantasques ou bien sorcières aguerries,
Ondines au bois dormant ou sibylle à séduire,
Lutins, mages, gnomes,… Cette truanderie !

On me suit aux vitrines des pâtisseries…
On me suit aux éclaboussures des lumières…
On me suit, moi, qui suis seul aux intempéries…
On me suit, moi, qui n’ai même pas de chaumière,
Abandonné dans l’ivresse où je dépéris…

Sceau : Élisa Satgé, été 2019

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