Ah, le temps haletant que m’ont tricoté les pendules pleines d’allant et détricoté les souvenirs qui vont et viennent comme un pendule pantelant. Ces bouts de vie en rose en gris, bouts d’envies en pleurs et ris, bouts d’avis en préjugés et partis-pris. Ils sont nés au détour d’autant de sentes sinueuses qui finissaient en impasses insoupçonnées au tournant d’un beau jour ; ils ont sillonné tant et tant de sentiers arborescents aux lacets insensés qui torsadaient leurs méandres au creux de mes nuits, au fil de mon ennui. Ils ont balisé des chemins riches en demains où se nichaient les desseins de sable d’un destin instable. Certaines de ces ramures sans ramage ont donné des chatons, d’autres des soupçons de bourgeons, plus rarement des fleurs ou même des fruits. D’arcanes en arcades, pas le temps !
Au pays de l’Autan, ma route irréfléchie est un kaléidoscope de choses et d’autres, un bric-à-brac inachevé fait de bric et de broc, d’oves et d’orbes, un capharnaüm inabouti de post-scriptum en erratum, un big bazar de hasards. Je les ai accolés et encollés avec tout ce que le temps d’hier et d’avant a casé en casiers casaniers au fil de la roue enrouée de ces heures en pointillés, en suspension et en interrogation. Arbre fragmenté, démembré.
Ô temps reprends ton vol, car tel est le cycle de la clepsydre. Je les lorgne avec les besicles de ma mémoire coquette en quête d’impressions périmées à moitié effacées, de sensations surannées pour toujours imprimées. Telle est ma vie qui, en toute saison, s’irise d’horizons aux noirs chevaux de frise où se brisent des oraisons et se pulvérise la Raison,…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire