Âmes lasses et abasourdies,
Air attiédi et ciel enlaidi,
Cœurs et corps de fatigue étourdis
Et silence enfin approfondi
Dans la mousse d’un demi,
Marseille s’est endormie.
Oubliant le jour qui irradie
Et s’est éteint dans un incendie,
Le long des façades affadies
Résonnant encore d’interdits,
Profitant d’une accalmie,
Marseille s’est endormie.
Fière et hardie, la nuit expédie
Vers des taudis sans cesse grandis,
Ceux que, toujours, elle répudie
De son paradis de perfidie…
Sans discours ni compromis,
Marseille s’est endormie.
Dans ses rues soudain raidies
Où roulent des rumeurs engourdies,
Dans ses monuments refroidis
Qui avalent les sons assourdis
Les recrachent en lueurs blémies,
Marseille s’est endormie.
Les fausses ladies, les vrais dandies,
Qui font les édits, ont du crédit,
Sur de nonchalantes mélodies,
Fêtent leur réussite au brandy…
Infamie et boulimie,
Marseille s’est endormie.
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