Petite fable affable
Un singe ne cessait de s’escrimer
Contre mille moustiques affamés
Qui s’en régalaient sans jamais rater
Une seule occasion de l’asticoter,
De le tourmenter, tout en vrombissant
D’un air caustique, d’un ton rugissant.
L’animal en perdit la soif, la faim,
Le sommeil puis le goût de rire, enfin.
Il soumit donc le soucis que l’on sait
À un vieux sage des siens qui passait.
« De patience lassée, il faut broyer
L’ennemi qui aime à vous trop choyer ! »
Le primate comprit et aussitôt,
Écrase un à un, sur son paletot
Poilu, les insectes dont la nuée,
À la curée, continue d’affluer,
Sans repos, jamais repue de repas
Pris aux dépens de ses corps et appas.
Quoiqu’adroit de ses doigts, comme il se doit,
Il s’active pour rien, et perd. Pourquoi ?
« Quand la force est vaine, use de l’esprit ! »
Conseille l’autre à nouveau entrepris.
Notre singe se saisit d’un gourdin
Et frappe alors les infâmes gredins
Qui l’assaillent nuit et jour, jour et nuit.
Vous imaginez bien ce qu’il s’ensuit :
Il s’écrase un orteil, se brise la main,
Et s’assomme prou, en un tournemain.
De moustiques, il n’y en avait pas moins…
Il revint au Sage fort mal en point.
Dépité, il lui offrit un onguent,
Fruit de feuilles que fuient les arrogants
Gêneurs, et lui dit de s’en frictionner,
Avec énergie, sans se rationner,
Qu’alors cesseront ennuis et tourments
Nés de ces bêtes qui rendent dément.
« La prochaine fois, use de moyens
Conforme à tes besoins, dit le doyen,
Comme dit l’Humain : “le trop et le peu,
En toute chose, Ami, gâtent le jeu !” »
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