Petite fable affable
Dans la vierge forêt, un ara s’agitait,
Allait et venait. À tous il voulait paraître,
En son écarlate livrée, l’air affété,
Dans ce décor où tout s’empêtre, s’enchevêtre.
Tout en cris, il bougeait, gigotait, chahutait
À toutes les portes, à toutes les fenêtres.
Un paresseux en vint à se manifester :
« Cesse-donc !… Es-tu le plus inconscient des êtres ?…
Veux-tu tous les chasseurs du pays alerter ?… »
Paré de frais de son plumet jusques aux guêtres,
L’éclatant perroquet, hautain, l’envoya paître
Et, non sans morgue, se mit à l’asticoter.
« Oh ça va !… Ma jeunesse te gêne l’Ancêtre ?!
Je suis beau et, c’est sûr, bon à boulotter ;
Pas comme toi, vieille carne, terne beauté !
Je m’affaire et remue, tout prêt à disparaître…
Agile et habile, rien ne peut m’arrêter
Alors que toi tu ne sais, d’un jour, faire un mètre !
Tremble pour tes os mais laisse-moi caqueter
Danser ou chanter et, peut-être me permettre… »
On ne sut quoi. Alors qu’ainsi il débitait,
Un trait vint à lui clouer net le bec. En traître !
Et l’aï de glisser ce sylvestre secret :
« Si tu veux vivre en paix et très vieux, sois discret ! »
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