Petite fable affable
Sous les taillis, un tatou trottinait,
Se frayant, effrayé par des javelines,
Une route sûre non sans peiner.
Il s’enfuit. Il s’enfouit dans la colline.
Terré au trou, le tatou atterré
Sent une présence.
Là, une panthère s’est enterrée.
« J’ai bien moins d’aisance,
Lui dit-elle, avec toi à mes côtés.
Quelle est donc ta race,
Mon Ami ?… La Nature m’a ôté,
Cruelle disgrâce,
La vue. » L’autre se sent rasséréné.
« Je suis grosse et grasse
Bête ayant bon pied, bon œil, bon nez,
Parée de cuirasse.
- Tu es donc redoutable prédateur !
- Fourmis et termites
Me craignent car j’en suis dévastateur…
Sans nulle limite !
- Oh !… Pardon si je te passe en revue :
Je suis Ignorance ;
Étant fort jeune et n’ayant jamais vu…
Je n’ai pas la chance
De porter carapace comme toi.
Sûr, cela protège ?!
- Le plus pratique et le plus sûr des toits !
- Et cela s’allège ?
- Il vaut mieux pas car j’ai le ventre mou
Et suis bête lente. »
« Vraiment ?! dit l’autre en lui croquant la joue.
Bête… et succulente ! »
Il faut se connaître, et pas à demi,
Mais sur ce qu’on en sait faire silence :
On pourrait inspirer ses ennemis
Ou, pire, leur fournir plus d’une lance.
Illustration : David Sanjaume, 23 novembre 2010
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