Petite fable affable
Oreille basse et ride au front,
Le lièvre ruminait sa revanche.
Il lui fallait laver l’affront
Que la tortue, rusée comme un Comanche,
Lui avait infligé en son temps,
En le défiant dans certaine manche
De course sous de vertes branches
Et, pire encore, en l’y battant.
Depuis, ce sot n’était pas à la fête,
Devenu risée des guérets.
Il n’est pire venin qu’une défaite
Ressassée assez, sans arrêt
Rappelée par la plus petite bête,
L’honneur souillé, l’orgueil vexé.
De leurs échecs, les joueurs de jambette
Que l’on sait tant aimer l’herbette,
Apprennent moins que du succès !
On convint d’une nouvelle rencontre
Qui attira bien du public
Prêt à rire de lui, pariant contre :
À la tortue, les pronostics !
Mais le rongeur sait qu’offense publique
Demande une réparation
De même nature - C’est symbolique
Dans leur rustique république ! -
Pour laver honte, humiliation.
Nos coureurs gagnaient de concert la lande
Où, tantôt, jouer du jarret,
Quand leur route croise, dit la légende,
En lisière de la forêt,
Celle de Sire loup, ce jour en chasse.
Le lièvre y voit baraka,
Pique des deux, laisse l’autre sur place,
Pelotonnée en carapace !…
Qui croyez-vous que Loup croqua ?
On est bien ridicule à vouloir sa revanche,
Voire la vengeance. Car, souvent, la leçon
Qu’on reçoit alors, quoi qu’on en veuille ou retranche,
Peut s’avérer la plus amère des boissons !
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