Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 5 septembre 2011

PASTORALE BIGOURDANE

Cycle pyrénéen
Authentique faux chant traditionnel

Quand le printemps vient, ma Chère,
Quand au pré sont les moutons
Et dans les champs les garçons,
À quoi pensent les bergères ?

Assise à une fontaine,
Près d’un bosquet de bourdaines,
Une beauté incertaine
Fait rider l’eau du miroir
De ses pleurs et de se voir.
Elle n’a pas la vingtaine,
Pleure d’être en quarantaine
Sans plaisir et sans fredaine
Du matin jusques au soir
Dans son agreste boudoir.

Quand le printemps vient, ma Chère,
Quand au pré sont les moutons
Et dans les champs les garçons
À quoi pensent les bergères ?

Lors d’une averse soudaine,
Vient au bois un capitaine
Ayant l’allure certaine
Et face à ce désespoir
File au loin son dévidoir.
La bergère en tiretaine
Écoute, miton mitaine,
Ses mots et calembredaines ;
Lui ne craint pas de déchoir
S’il venait à l’émouvoir.

Quand le printemps vient, ma Chère,
Quand au pré sont les moutons
Et dans les champs les garçons
À quoi pensent les bergères ?

Quand on a l’humeur hautaine,
Les bonnes samaritaines,
Ne sont que dindes ou daines
Et tout homme à l’espoir
De trouver partout nichoir.
Donc au coton, aux futaines,
Point de cour trop mondaine,
Ni d’amours croquemitaines :
Quand on est homme d’avoirs,
Les femmes n’ont que devoirs.

Quand le printemps vient, ma Chère,
Quand au pré sont les moutons
Et dans les champs les garçons
À quoi pensent les bergères ?

Notre Ninon d’Aquitaine,
Voulant l’Amour sous huitaine,
- Gai, gai, la faridondaine -
Put prier, avant le soir,
Un Saint Vit mis au dressoir.
Finies scies et turlutaines,
Désirs tus et joies lointaines :
Elle connut de Modène
Les délices, sans savoir
Qu’un soir la voilait de noir.

Quand le printemps vient, ma Chère,
Quand au pré sont les moutons
Et dans les champs les garçons,
À quoi pensent les bergères ?

Assise à une fontaine,
Près du bosquet de bourdaines,
Notre beauté incertaine
Fait rider l’eau du miroir
De ses pleurs et de se voir.
Le coureur de prétentaine,
Sans prendre gant ni mitaine,
Rengaina sabre et bedaine
À l’aurore et, sans surseoir,
Partit sans un au-revoir.

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