Ma plume blesse une feuille blanche
Quand le crépuscule, épuisé, flanche
De longues balafres tombant en avalanche.
Elles la meurtrissent de mes maux,
La griffant de lettres et l’écorchant de mots
Sans que, jamais, elle ne se froisse
D’être éraflée pour, qu’un temps, mes chagrins décroissent.
Laissant voir une plaie de papier,
Un stigmate dont la longueur se compte en pieds,
Elle trace cette cicatrice
Souvent libératrice et parfois salvatrice
Que, ma foi, j’espère, un tant soit peu, créatrice.
Quand d’autres “pondent” un manuscrit
Je taillade, j’entaille, j’écris.
Sans que l’éraillure ne lui tire un seul cri
- Plutôt que de brûler quelque cierge -
Ma plume peinée érafle une page vierge,
La mutile sans affectation
Quand j’ai des affections, subit quelque affliction.
Jusqu’à ce que chaque abcès se perce,
Elle la mord, l’amoche et parfois la transperce ;
Mon âcre sang d’encre s’y répand
Et mon supplice se fige en sombres serpents
Qui, entre deux lignes bleues, restent en suspens.
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