J’ouvris et découvris mes ailes aux violettes. Dès lors, je me voulus, au gré de milles prises de becs, homme de plume plutôt qu’homme de paille. Aujourd’hui, au penne je prends la mienne et lance des pointes à la sienne, jetant l’encre à la volette. Aussi, refusant de me faire plumer à l’envi au jeu de la Vie, au jour naissant, je quitte mon plumard pour mon plumier et, là, je vole dans les plumes de l’oison oisif comme de l’oiselle oiseuse. Les mots s’envolent au vent, légers comme plume, sous le stylo du même nom, pour se presser en signes et en lignes. Je ne manque pas d’aire et d’un trait empressé ou bien couvé, j’empenne, volatil à bile, les huppes arrogantes et les plumets déplacés d’un placet qui l’est tout autant, d’épigrammes au kilo ou de nids d’injustices. Malgré ces volées de bois vert et ces prises de bec, je ne crains pas la grippe à Viers (65).
Si à cette heure, il est de bon ton de se la mettre au croupion pour mieux l’avoir au vent, ma plume, qui se veut panache, reste autrement trempée. N’en déplaise aux égrotants ergotants qui ont les tuyaux encrassés, j’en reviens toujours à cet instrument qui accompagne mes manques de tendresse à l’adresse des plumitifs hâtifs et autres Pluto à plumeaux. J’y laisse, mais ne m’en lasse, assurément quelques plumes - sergents majors ! - faute de savoir les lisser pour l’oie remplumée ou pour les avoir glissées sur la crête peu discrète de quelque vieux coq déplumé. Si je prends le mot au pied de la lettre, je ne vivrai jamais de ma plume : les dilettantes milieux dits littéraires, de face-à-main en sous-main, préfèrent le relationnel au rédactionnel.
La triste mine de ma plume, même si elle n’est pas belle et bonne, harcèlera encore les aigrettes décolorées des poules ampoulées ou le ramage édulcoré des poussins poussifs ; elle arrachera toujours le duvet décoloré des ramiers de passage au plumage grivelé qui s’offrent à la plumée. Et que ces mécontents sans envergure, par mes saillies assaillis, se rassurent : même élimée, elle restera majuscule, imperméable à l’eau des critiques. Aussi, farauds effarés qui vous piquez de la ramener, allez donc vous faire voir chez… Plume !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire