Je mugis mes peines et pleure
Mon crachin froid à toute heure,
Par les crêtes et par les creux,
Gonflant les draps et les toiles
Que je fais muletas, voiles,…
Je vibre, vole et puis veux
Jouer avec les étoiles
Dans la noria des nuits
Qui frissonnent leur ennui…
Mon souffle froidi flagelle
Les feuilles flétries et gèle
Les fleurs qui s’effraient des frimas.
En sifflant, je mords et fouette
La dignité des girouettes
Givrées, agrippées au mât
Où elles grincent et pirouettent.
C’est moi le roi de ce mois,
Qui tournoie ou qui larmoie !
Quand ma voix s’élève et meugle
Aux ciels frémissants, aveugles,
En volutes tourmentées,
En volées pleines d’audace
Je perce les carapaces
Et balaie les cieux hantés
Par ma scie et par mes passes.
L’hiver naît de mes assauts
Quand je pleus à pleins seaux !
Oui, ma bise est une brise
Manquant pas d’air, qu’on s’le dise !
Quand l’aurore fait la roue,
Mon souffle embrasse et enlace
Le jour, ses rues et ses places,
Et j’enrhume et, mieux, j’enroue.
Chacun se plaint et se lasse :
Plus on geint, plus je gémis
Et renonce à l’accalmie…
Je me vêts de feuilles mortes
Et m’en vais hurler aux portes,
Retournant les parapluies,
Retroussant, coquin, des robes
Que mon souffle étreint, enrobe,
Pour le plaisir de celui
Dont le chapeau se dérobe.
Je vais et viens, cours et crie
Par les voies du vieux Paris.
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