À pas lents, tournaient les mères de Mai… Tenaces.
Carrousel éternel, de misère et douleurs.
Quand d’autres se taisent, se cachent, se prélassent,
Carrousel éternel, de misère et douleurs,
Pour tous ceux qu’on n’a pas revu parmi les leurs,
Les Mères de Mai se tiennent sur cette place…
Malgré les chiens, la torture et les étrangleurs
Dans un pays muet, enfermé dans la nasse,
Marchaient les Antigone de Mai, jamais lasses
Comme la ronde obstinée de tous leurs malheurs,
À pas lents, tournaient les mères de Mai… Tenaces.
Carrousel éternel, de misère et douleurs.
Pénélope réclamant le retour des leurs,
Disparus, un matin, sans laisser mot ni trace.
Cavales indomptées qui allaient, à tout heur,
Leur manège insoumis que rien ne cadenasse,
Folles sans pouvoir et lie de la populace,
Ces femmes marchaient dans le froid, dans la chaleur.
À pas lents, tournaient les mères de Mai… Tenaces.
Carrousel éternel, de misère et douleurs ;
Quoiqu’en disaient hâbleurs d’État et persifleurs,
Toujours dignes et droites, sans cri et sans menace.
Matrones toujours en pleurs, madones en fleurs,
Tous les jours, tout le jour, occupant cette place,
Elles refusaient qu’on mente, élude ou finasse,
De leur chœur silencieux sans chef ni bateleur.
À pas lents, tournaient les mères de Mai… Tenaces,
Carrousel éternel, de misère et douleurs,
Malgré les coups et les rafles, les haut-parleurs,
Jamais brisées, jamais muselées, jamais lasses,…
Le temps passant, Thémis oublie plaintes et heurts,
Pour que les assassins connaissent la bonace…
Alors les grands-mères de Mai tournent, tenaces,
Pour les bébés pris au sein de leur fille en pleurs.
Quand d’autres se taisent, se cachent, se prélassent,
Carrousel éternel, de misère et douleurs,
Pour tous ceux qu’on n’a pas revu parmi les leurs,
Les grand-mères de Mai tiennent toujours la place…
A pas lents, tournent les Vieilles de Mai… Tenaces.
Carrousel éternel, de misère et douleurs.
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