« Dis donc, Papa, qui c’est Pégase ? Et la licorne ?
Ça vivait bien avant le dino’ à trois cornes ?!
- B’en non, c’était après ! Aux temps où cavalaient
Sorcières, chevaliers, fous, princesses, valets,…
- Mes fils, vous me parlez de bêtes fabuleuses
Qui ont fait naître tant de questions, de passions
Chez tous les preux guerriers d’ères ensorceleuses
Où l’imagination était la nébuleuse
D’où naissaient, où mouraient la plus folle invention,
Quêtes miraculeuses, amours querelleuses,…
C’était un temps… d’il y a longtemps, où l’action
Avait des raisons qui étaient tout sauf frileuses :
Grande Âme ou Noble Cœur, contre la sujétion
Luttaient jusqu’à la mort, justice ou rédemption.
Ils montaient Pégase, crins noirs, robe argileuse ;
Licorne, elle, assurait, seule, leur protection.
Les Homme cessèrent de rêver, d’être sages,
Préférant avoir qu’être et compter que conter :
Tous ces bestiaux, c’était bon pour l’équarrissage !
Pégase et Licorne, prisonniers d’un autre âge,
Avaient perdu beauté, attraits, charme et bonté.
L’humain changeait d’ère ; il fallait tourner la page.
Pourtant ils laissaient à l’Homme, bête éhontée,
Leurs fils, destriers, pour qu’ils fassent équipage.
N’as-tu pas remarqué que, parfois, les chevaux
Ont une tâche blanche, entre leurs yeux, qui coule ?
Jamais à court d’une trahison, un prévôt
Scia la corne d’or et la vendit - bravo ! -
Pour trente deniers, sans vergogne, à une goule.
Ainsi, Licorne eût un front tout lisse, nouveau…
Et toi, n’as-tu pas vu comment, lorsqu’ils roucoulent,
Étalon et jument se frôlent à ce niveau ?
C’est qu’ils souhaitent que, là, dans leur danse saoule,
Les ailes coupées à Pégase par la foule
Pour le domestiquer, comme une poule, un veau,
Repousseront un jour. Mais le temps passe et coule…
Depuis, cloués au sol, ils scrutent le Levant ;
Espérant l’envol, ils courent après le vent.
Nous regardant vivre, leurs doux yeux tristes pleurent
Ces temps où les rêves n’étaient pas que des leurres. »
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