Cycle toulousain
Eh comment, je porte la croix !
Et j’en suis fort fier, de surcroît,
De cette marque qu’on dit grecque
Qui énerva tant d’archevêques.
Je voudrais nous le voir brodé,
- Symbole patté et cléché -
Sur nos cœurs et sur nos poitrines ;
Qu’il soit du ralliement la clarine !
Ōc, je te la porte ma croix !
À l’envers tout comme à l’endroit ;
Et avec ses douze pommettes.
Je voudrais qu’on se la transmette,
La croix de nos vieux troubadours,
Pères du mot, du mal d’amour,
Celle qu’a porté notre comte
Jusqu’en Terre Sainte, on raconte.
Si tu ne vois pas ma croix,
C’est qu’elle est gravée en moi.
Dans ma voix et dans mon âme,
Dans ces mots que d’aucuns blâment
Parce que “pas bien français”.
Eux qu'on voudrait rabaisser
Flottent plus haut que nuages
Pour fleurir notre langage !
Toi aussi, porte-la la croix,
Comme une voie et comme un droit.
Et que t’importe qu’on baptise
L’insigne que d’aucuns courtisent,
De Toulouse, de Languedoc
Ou Occitane. Née, ad hoc,
En Provence, elle est, cette aïeule,
Comme nous : or sur fonds de gueule !
Arborons ici cette croix,
Qu’elle rappelle à bon endroit,
Aux oublieux et aux larvaires
Notre passé et nos calvaires,
Aux quatre vents régnant aux ciels,
En un chapelet essentiel
De perles, poètes-apôtres
De cette langue qui fut nôtre.
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