Mon ami, qu’avons-nous donc, vieux troncs,
À courir les chemins du passé,
Ce temps où nous étions jeunes joncs,
Que nous ne cessons de ressasser ?
La vie, un jour, sans bruit, sépare
Ceux que jeunesse et passion rapprochent.
C’est ainsi. Rien ne nous y prépare.
Pas besoin de s’en faire reproche.
La poussière de projets anciens,
Le remords des rêves avortés
Nous fit un avenir béotien,
Peuplé de souvenirs à porter.
On a plus ou moins, sans lassitude,
Gardé un lien malgré les distances,
Les obligations, les habitudes
Et les aléas de l’existence.
Aujourd’hui, je suis venu te voir
Briller en ta chaire méritée,
Comme on remplit parfois un devoir.
Tu m’as ignoré donc irrité.
La mémoire couverte de givre,
Je savais qu’on tournerait la page,
Mais tu viens de refermer le livre.
Sans aucun espoir de rattrapage.
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