Sur « Mathilde » de et par J. Brel
Bon Dieu, avec l’âge venu
Je mets en péril mon salut :
L’espoir m’est revenu !
Misèr’, mais comment donc m’advint
Ce prophète, divin devin ?
L’espoir m’est revenu !
Moi qui avait dit : « On m’reprendra pas
À espérer autre chose qu’le trépas ! »
L’espoir m’est revenu !
Alors qu’arrive, pas à pas,
L’heure de mon dernier repas
Me voilà à croire comme papa !
Mon cœur, mes mains, n’vous tendez pas
N’attendez rien, ne priez pas :
Cet espoir n’est pas bienvenu !
Il m’a remis l’âme en été
M’a redonné de la gaieté,
Cet espoir qui m’est revenu !
Il me donne un air hébété,
Des certitudes entêtées,
Cet espoir qui m’est revenu !
Mon esprit est une pampa ;
Dîtes-moi, dites-moi, qu’ça dur’ra pas :
Me voilà à croire comme papa !
Mais de quel enfer, des riv’ de quelle île
Ou de quelle paroisse hostile,
L’espoir m’est revenu ?
J’ai déjà fait trop de faux pas,
Crû trop de fill’ « vraiment sympas »,
L’espoir m’est revenu !
Alors que je n’en voulais plus
Et que, pis, je ne doutais plus,
L’espoir m’est revenu !
Vous les gars, ne me lâchez pas
Si ça foir’, j’me relèv’rai pas,
Mais c’est bon de croire comme papa !
Bon Dieu, j’ne suis pas né d’hier
Pourtant je n’en suis pas peu fier :
L’espoir m’est revenu !
Pour la promesse d’une main,
Je fais des projets pour demain :
L’espoir m’est revenu !
Et je nous souhaite tant et plus
Et en désire toujours plus :
L’espoir m’est revenu !
Mes souvenirs ne comptent pas
Et l’avenir est mon compas :
Elle m’a fait croir’ que j’serai papa, papa !
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