Cycle toulousain
Sur la rive ivre, sans consistance,
L’écho de la ville ne trouble pas
Le silence, ici, seule constance.
S’y perd la poussière de mes pas…
Avenue où se noient les nues,
En laisse tenue, entretenue,
Au milieu des miasmes qui marasment,
Au coeur de la ville et de ses spasmes,
Mon canal, las de la discipline
Qui lui maintient le cœur en hiver,
Se souvient de l’enclos des collines
Au collier de halliers toujours verts
Sans débord, sans courant, sans surprise,
Où il traînait l’été sous l’emprise
D’un soleil aux ardeurs avouées,
D’un ciel scellé aux nuées nouées.
Artère sombre, en eau et en brume,
Que les vapeurs de la ville enrhument,
La vie s’accélérant tout à coup
En marées, en remous qui secouent,
On te laisse flâner, en passante
Ceinturée de berges bitumées,
Si calme qu’on te croirait dormante.
On vient te voir pour courir ou fumer,
Corsetée de ponts aux voies blessantes,
Aux larges enjambées indécentes,
Pour fuir nos démêlés embrouillés
Ou défier nos mêlées brouillées.
Sur la rive ivre, sans consistance,
L’écho de la ville ne trouble pas
Le silence, ici, seule constance.
S’y perd la poussière de mes pas…
Tout en impassible solitude
Dans la fourmillante multitude,
Tes eaux placides sont matonnées,
Dans un univers froid, bétonné,
Par milles platanes qu’on mutile
- Branches atrophiées, moignons mités -
Quand on ne sait quoi faire d’utile
D’une écorce par trop effritée,…
Non loin des garennes de Garonne
Rivière qui jamais ne ronronne,
Ce flot moussant, sali et souillé
Garde des reflets de ciel rouillé.
Sur la rive ivre, sans consistance,
L’écho de la ville ne trouble pas
Le silence, ici, seule constance.
S’y perd la poussière de mes pas…
Ta vallée voulue, tranchée fluette
Veillée par des mouettes muettes
Fuyant les flots humains, incertains,
Pour un ciel las, couleur de chagrin,
Entre nos deux mers reste une intruse
Irriguant les briques et les bruits
L’élan brisé par bien trop d’écluses
Aux portes sévères et sans fruit ;
Amarrée à des ports sans attaches
Où quelques caillasses de potaches
Ricochent, cette rêve d’envol,
De vents et de voiles en survol !
Canal, toi qui ignores ta source
Mais qui sais tout du bout de ta course
Toi, que ne nourrit aucun ruisseau
Et ne connais aucun soubresaut,
Tu es un promeneur solitaire,
De ceux que l’on sait sans plus les voir.
Mieux, sans fertiliser cette terre
Aux sols d’asphalte toujours plus noirs
Sous un ciel aux sulfates amères,
Tu graves en rides éphémères,
Ton apparence étale de vies…
Oui, tu me ressembles m’est avis !
Sur la rives ivre, sans consistance,
L’écho de la ville ne trouble pas
Le silence, ici, seule constance
S’y perd la poussière de mes pas…
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