Petite fable affable d’après
Le lapin & le hérisson d’A. J. Duvivier
« Saint Plouc, priez pour moi ! »
Disait, en son émoi,
Un hérisson en quête
De nouvelles conquêtes,
Terres où enfin gîter
Loin de ces agités
D’oiseaux gras qu’il voisine,
Le cœur fort malcontent
Depuis bien longtemps.
Donc, là, il se débine…
Sur la mousse verdie,
Par les pousses hardies,
À son train de bigote,
Il va, vient et trotte.
Au milieu des fleurs
Qu’avril a fait renaître
- Hasard ? - pour son bonheur
Un lapin se fait connaître,
En une causerie
Impromptue, entre ris
Et courtoisies aimables,
Comme cherchant ami
Ou coloc’ estimable,
Pour partager un nid.
Ainsi ils partagèrent
Le gîte et potagère
Cuisine échangeant
Sur leurs chagrins changeants
Et leurs joies éternelles,
Se confiant l’un
À l’autre, sans querelle,
Ou bien l’autre à l’un,
Regrets, désirs et rêves…
Lapin, lors d’une trêve,
Dit à son compagnon :
« Dis-moi pourquoi mon frère,
N’ai-je que coups et gnons
Lorsque le plus sincère
Des vrais attachements
J'offre ? Ah, quels tourments
J’ai endurés des autres
À jouer à l’apôtre
Des meilleurs sentiments.
N’ayant voulu à personne
De mal, ni un moment
Causé de torts, on sonne
L’hallali à me voir,
On s’acharne, cœur noir,
À ma mort ou ma perte.
Alors que toi, alerte
Piqueur, nul ne t’ennuie,
Et aucun ne te nuit !
- C’est qu’hélas tu souhaites
Que l’on t’aime, p’tit’ tête,
Et moi me satisfais
Que, dans les mots, les faits,
Ici où tout est bègne,
Chacun sans fin me craigne ! »
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