Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 21 décembre 2019

MISTER MONSTER ?

Édito' inédit pour Rue des Fables, septembre 2019

          Vive notre langue, soit-elle bien pendue car elle « est le miroir et le portrait de l’âme » comme le dit un proverbe italien. Nous la célébrons, pâteuse ou noire, à chaque ver que nous voulons bien faire tinter sur les tables des terrasses de cette Rue qui nous est familière. C’est avec un fameux coup de langue que nous y lapons jusqu’à la dernière goutte de cet alcool que l’on nomme amitié et dont on ne saurait perdre une goutte en ce lieu sympathique. On se rappelle, une langue de chat en main, des strophes déversées en versets d’apostrophe que « l’Homme est un animal propre et délicat, par nature » (Sénèque). Même si pour les qualificatifs employés, on aurait pu appliquer à l’auteur sa propre maxime : « Errare humanum est, perseverare diabolicum ». L’idiome de Cicéron est une langue source qui ne saurait mourir… car « avec florin, langue et latin, partout on trouve son chemin » comme dit l’adage français. Tu parles !
     Comme bien des hommes bêtement bestiaux qui jargonnent et patoisent, plus verte que rose, la mienne est chargée… d’ans et de dents car je me la mords souvent pour avoir trop mâché mes mots. Bref, parce que j’avais quelque chose sur le bout de la langue, pour l’avoir tournée sept fois dans ma bouche alors que je préférerais le faire dans celle, pulpeuse, d’une de ces chaudes beautés qu’on rencontre en page centrale sur papier glacé. Si je pouvais prendre langue avec elle, je n’aurais point, je vous l’assure, la langue liée et saurais délier la sienne au cas où, à me voir, elle l’aurait perdue… Ce ne sont pas là paroles en l’air mais crise de lèche-majesté d’un vieux prof verbeux qui fait court, sans jamais faire cours, surtout quand il recourt à ses vains discours, concours de chœurs venant au secours de ses parcours de « par cœur ». T’as suivis Audrey ?!
     Vivante et pas vraiment trop longue, ma langue que je n’ai jamais fourrée dans la poche, va bon train c’est vrai même si « quand la langue file la soie, le travail n'avance pas » (dicton libyen). La ravaler m’est difficile tant elle me démange. Mais, argotant ou ergotant, elle se refuse à être mauvaise - les malappris disent langue de p… - quand d’aucuns ont la leur qui n’est que de bois et d’autres, pachas et donc un peu chiens, la donnent aux chats à tout va comme si c’était une simple langue morte, ou pire une quelconque langue de vipère ; voire de belle-mère. Ce qui est, ceci vous paraisse sec comme la langue du diable, tout un dans ma langue maternelle qui n’aime guère à fourcher sur certains sujets familiaux. Ah, les charmes de la langue de Molière - face à ce sabir véhiculaire et vernaculaire qu’est celle de Shakespeare - qui sont bien supérieurs aux appâts d’une langue de terre ou de glacier… J’espère que cet édito’ vous aura fait retrouver votre langue que vous savez, d’ordinaire, quelques langues bien effilées me l’ont dit, mieux tenir que je ne le fais de la mienne que je tire à tout propos n’ayant pas de cheveu qui ici y soit sis. Comme on dit à « Langues O » où l’on apprend vite que « de langue double, maint trouble » (aphorisme gaulois) et plus sûrement que « qui garde sa langue garde sa tête » (sentence turque) !
     Fabuleusement vôtre… comme ne dit jamais Jack - Lang, bien sûr ! - et comme le prétend une maxime teutonne « Gardez-vous des langues sucrées et des cœurs poivrés ! » car si on en croit une formule persane que je fais axiome personnel : « L’homme est caché sous sa langue ». 

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