QUI L’A PEINT LE LAPIN ?

Petite fable affable

Dans une galerie d’art, un amateur admire
Une œuvre abstraite nommée « Le cou du lapin »,
Affreuse hélas, qui affiche en ligne de mire.
Cinq millions. Son prix. Un vrai « coup du lapin » !
Ironique, le marchand d’art il apostrophe
« Est-ce vraiment là « le coût du lapin », l’Ami ?

- Mais assurément et encore c’est la demie
Valeur de ce chef d’œuvre !
                                                                     - Cette catastrophe ?!
- Béotien que vous êtes, songez qu’un tableau
De cet artiste vaudra dans deux ans le double :
Il fut l’élève préféré de Durableau,
Et l’ami de feu notre président Birouble ;
Il est l’intime de Chastenberg et du cercle
Des « Génies de l’Art », l’invité des médias
Comme grand critique ou comme expert ès-couvercles,
Juré permanent du concours « Equidia »,…

- Mais ce Maître peint comme un pied, il n’empêche ?!

- Bien sûr, “l’Ami”, pour produire, de nos jours,
Ou se produire, la seule règle de Campêche
À Paris : “Mieux vaut amis à son entour
Que talent(s), sinon le monde est aveugle et sourd !” »