Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 4 décembre 2019

TOUS MIGRANTS !

On n’est pas nomades. Le chemin nous rebute
Mais quand il faut le prendre on le fait. Et si on bute
Sur un obstacle, on s’obstine car l’avenir
Est devant ; pas là où on laisse souvenirs
Et famille, amis et passé,… Et si je m’égare
Il y aura toujours un port, une route, une gare,…
Pour m’amener au plus près de ce paradis
Qu’est ce bel ailleurs lointain que, sans un radis
En poche, je me suis promis de connaître,
Qui me fera enfin renaître et peut-être « être »,
Dussé-je vider vos poubelles ou alors bâtir
Vos maisons et tous mes diplômes néantir.

Qu’un parent ait quitté la terre pour la ville,
Que l’aïeul ait quitté sa région en pleurant  
Pour une autre qui ne le ferait plus servile,
On est tous des filles et des fils de migrants.
On est tous les descendants d'un ailleurs, mon frère,
Enfants courant sur une seule et même terre :
Tant d’ancêtres ont fui leur pays de malheur
Qu'importaient donc alors religion ou langue,…
Ils ont eu un asile parfois dans la douleur
Au diable alors leur originelle gangue…

On a pieds en sang, on fut rançonnés,
On a erré, on s'est perdu, maux annoncés
Par qui nous a précédés, mais il n’est d'enclave,
De mur ou de mafia pour nous faire esclave,
Ni de mer pour nous arrêter ou nous briser  :
Nous arriverons jusqu’à toi, épuisés :
Freinés mais jamais endigués, car à nos trousses,
La Mort se trouve aussi dans nos champs et nos brousses
Où la faim a déjà semé tant de ses cercueils,
Ou la guerre nous empale sur ses écueils…
Devant nous ne se dresse que son spectre, un possible,
Un risque, une crainte,… en rien invincible.

On est tous des filles et des fils de migrants,
Qu’un parent ait quitté la terre pour la ville,
Que l’aïeul ait quitté sa région en pleurant  
Pour une autre qui ne le ferait plus servile,
Qu’importaient donc alors langue ou religion
Survivre suffisait plus à ces légions…
On est tous les descendants d'un ailleurs, mon frère, 
D'un ancêtre fuyant « son pays » de malheur,
Enfant courant sur une seule et même terre,
Il a trouvé asile même dans la douleur.

Qu’importent les peurs, les maux, le temps qui s’écoule,…
Chaque pas fait m’éloignera du sang qui coule.
Même si cet exil menant vers l’inconnu
N'est qu’embûches et périls, je finirai moins nu
Que tu ne me vois dans ce camp-ci qui m'abrite,
Que tu ne m'as connu dans ce camp-là, sans mérite.
C’était sombrer ici ou me noyer là-bas.
Mais il y a pire que de perdre ici-bas
Son chemin, c’est d’oublier l’envie ou les causes 
Qui font que l’on avance. Et, crois-moi, ces choses
Je vais pas les perdre de vue, jour ou nuit :
Je sais par trop ce que je suis et fuis !

Qu’un parent ait quitté la terre pour la ville,
Que l’aïeul ait quitté sa région en pleurant  
Pour une autre qui ne le ferait plus servile,
On est tous de filles et des fils de migrants
On est tous les descendants d'un ailleurs, mon frère,
Enfants courant sur une seule et même terre :
Que l’aïeul ait quitté sa région en pleurant  
Pour une autre qui ne le ferait plus servile,
Qu’un parent ait quitté la terre pour la ville,
On est tous, mon ami, des enfants de migrants,…

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