Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 22 décembre 2019

VU DE LA VOITURE

Vivant à la belle toile, des âmes nues,
Errent dans la boue noire, sous de grises nues,
Aux visages pâlis nimbés d’oublis, corps fluets
Tout en pleurs fanés et en vains rires muets.

Parmi des chaumines confites en vétusté,
Des cabanes de fortune tarabustées
Par les vents, plus propres à loger quelque animal 
Qu’à héberger, même fort coupable de Mal,
 L’image du Dieu vivant, pas las, ils vont,
Ignorant le bien manger et le savon.

Ce sont des ombres au milieu de cet amas
De taudis qu’on ne voir plus, un anonymat
Fatigué de misère et rompu de cent maux
En un lieu qui n’est même pas un hameau.

Ces cahutes abritent donc des yeux hagards
Et des teints hâves, blafards, qui sont tout égards
Pour leur hôtel des courants d’air, bâches percées
Et palettes cassées en plancher, déclassées
Comme ces cœurs aux espoirs recroquevillés.
Ces esprits brisés, mais à la vie chevillés.

En ces lugubres gîtes en tôle froissée
Et en bois pourri on boit, de fiel poissé,
À pleines gorgées la coupe ocre d’un sommeil
Sans repos, s’abreuvant de songes sans soleil.

L’aube, par bonheur, prend le soin de ne laisser
Aucune trace de ces bleues nuits blessées,
Où le noir s’habille de pénombre glacée
En ces pénates où aucun lare n’est placé
Mais où le cheveux long, hirsute et prou crasseux,
Cache de sautillants locataires pisseux.

Et dans leur enveloppe de délabrement, 
Chrysalides qui ne seront pas papillons,
Vivent, le long du périph’ de contournement
De Paris, ces parias que nous fuyons…

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