Fable affable d’après un conte africain
Un chasseur a tendu pièges dans la savane,
Ses pièges et attend que s’y pavanent
Des petites bêtes qu’il croit sottes
Ou que quelque grand animal y trotte.
Or, un matin, il trouve dans l’un d’eux
Un boa de belle taille plein d’œufs.
À lui peau écaillée et viande !
Fortune lui fait là belle offrande.
Mais le serpent implore sa pitié,
Ce qui le surprend, pas à moitié :
« Chasseur, épargne-moi et tu es riche
Ce marché-là n’est ni ruse ni triche.
Pourquoi attendre d’incertains demains ?
Car j’ai langue moins fourchue qu’un humain
Et qu’un reptile tient ses promesses
Plus sûrement que s’il allait à messe !
- Soit ! Que me proposes-tu, Gros Rampant ?
- Une vie rêvée, qu’aucun sacripant
De ton espèce n’eut jamais sur Terre.
- Comment ? fit l’homme aux sagaies altières.
- Je t’offre le don de comprendre mots
Et phrases, là, de tous les animaux.
De leur savoir tu pourras faire usage ;
Bienfaits viendront si tu es sage. »
Le marché conclu… et les oeufs gagés,
L’homme ne voulant pas trop s’engager,
Celui-ci reparti par la brousse,
Peu convaincu, quand dans cette herbe rousse
Il entend une mangouste hurlant :
« Un incendie vient, pour l’heure lent
Mais mes enfants, vite il sera terrible.
Fuyez, sinon vous aurez fin horrible ! »
Surpris d’avoir compris, l’homme alerta
Les gens de son village qui, recta,
Se mirent à l’abri, en île du fleuve.
Le chasseur eut renommée toute neuve
Et son exploit lui valut d’être chef
D’une tribu qu’il a sauvée. En, bref
Le don du boa lui donnait pouvoir
En plus d’un inestimable savoir.
Mais, las, il fallait quand même chasser
Pour se nourrir et ce sans se lasser.
Il repartit loin, en traquant un lion
Qu’il prit grâce à quelque indiscrétion
D’un singe qui, peu après, aux zèbres
Et aux gazelles, annonçait, l’air funèbre :
« Nous aurons sécheresse bientôt,
Surveillez tous marigots et points d’eau ! »
Notre homme à peine rentré au village
Vendit chair et peau après marchandage,
Acheta tout le grain qu’il put trouver
Pour le stocker et, famine arrivée,
Le revendre au prix fort. La richesse
Lui vint ainsi de l’humaine détresse.
Les œufs ont éclos. Riche et puissant,
Notre chasseur a mis ces bruissants
Serpentins dans une profonde fosse,
Aux abords du palais qui le rehausse
Au rang de roi et qu’il a fait bâtir
Car, noble, il ne saurait que pâtir
Désormais dans une case banale
Comme ses sujets aux vies vicinales.
Notre roi se distrayait en pêchant.
Il surprit quelques poissons alléchants
Parlant d’une inondation prochaine,
De la furie des eaux qui se déchaînent.
Le souverain, prudent, déménagea
Ses biens et invita, pas goujat,
Tout son village à en faire de même,
Menant à la montagne sans flemme
Tout son peuple, le préservant ainsi
De ces crues que l’eau du ciel, ici
Rend tant dévastatrices que mortelles.
On l’acclama en folles tarentelles.
Les rescapés du déluge firent du roi
Un dieu. C’était, ma foi, à bon droit :
N’avait-il su prévoir la grand colère
Des nues et, noble attitude exemplaire,
Sauver d’un péril dont encore on tremble
Tout un peuple ?… Cela valait un temple !
Ainsi vieillit le chassseur de boa.
Comblé… Et adoré jusqu’à Goa.
Mais dans la fosse où grouillaient fils et filles
Du serpent, on chuchote et on babille.
Alors il s’en approche et là entend :
« La mort du vieux est pour dans pas longtemps !
Quand l’ombre chassera le jour, son heure
Sonnera. Il faudra lors qu’on le pleure !
– Ne peut-on rien faire contre ce sort ?
Fit l’homme qui se sent jà sans ressort.
– Si… Il faudrait nous redonner à Mère
Et, avec, lui rendre le don qu’amère,
Elle te confia quand vil chasseur
Tu étais. C’est ainsi : Oublie les douceurs
De ta belle vie, redeviens simple,
Pauvre et humble ou tu meurs sur ton Olympe.
– Pourquoi terminer si vite mon séjour ?
- Il n’est dette qu’on ne rembourse un jour.
Jadis, tu fis un troc : une vie sauve
Contre la richesse ; aujourd’hui, fauve
Devenu, tes biens pour ta vie,
C’est le marché, homme, qu’on te propose. »
Las, personne, contre le destin, n’ose
Aller. Notre dieu vivant chasseur
Redevint car il savait par les penseurs
Du vieux temps que, plus que tout, importe
La vie, quoiqu’elle vous prenne ou apporte.
Ses pièges et attend que s’y pavanent
Des petites bêtes qu’il croit sottes
Ou que quelque grand animal y trotte.
Or, un matin, il trouve dans l’un d’eux
Un boa de belle taille plein d’œufs.
À lui peau écaillée et viande !
Fortune lui fait là belle offrande.
Mais le serpent implore sa pitié,
Ce qui le surprend, pas à moitié :
« Chasseur, épargne-moi et tu es riche
Ce marché-là n’est ni ruse ni triche.
Pourquoi attendre d’incertains demains ?
Car j’ai langue moins fourchue qu’un humain
Et qu’un reptile tient ses promesses
Plus sûrement que s’il allait à messe !
- Soit ! Que me proposes-tu, Gros Rampant ?
- Une vie rêvée, qu’aucun sacripant
De ton espèce n’eut jamais sur Terre.
- Comment ? fit l’homme aux sagaies altières.
- Je t’offre le don de comprendre mots
Et phrases, là, de tous les animaux.
De leur savoir tu pourras faire usage ;
Bienfaits viendront si tu es sage. »
Le marché conclu… et les oeufs gagés,
L’homme ne voulant pas trop s’engager,
Celui-ci reparti par la brousse,
Peu convaincu, quand dans cette herbe rousse
Il entend une mangouste hurlant :
« Un incendie vient, pour l’heure lent
Mais mes enfants, vite il sera terrible.
Fuyez, sinon vous aurez fin horrible ! »
Surpris d’avoir compris, l’homme alerta
Les gens de son village qui, recta,
Se mirent à l’abri, en île du fleuve.
Le chasseur eut renommée toute neuve
Et son exploit lui valut d’être chef
D’une tribu qu’il a sauvée. En, bref
Le don du boa lui donnait pouvoir
En plus d’un inestimable savoir.
Mais, las, il fallait quand même chasser
Pour se nourrir et ce sans se lasser.
Il repartit loin, en traquant un lion
Qu’il prit grâce à quelque indiscrétion
D’un singe qui, peu après, aux zèbres
Et aux gazelles, annonçait, l’air funèbre :
« Nous aurons sécheresse bientôt,
Surveillez tous marigots et points d’eau ! »
Notre homme à peine rentré au village
Vendit chair et peau après marchandage,
Acheta tout le grain qu’il put trouver
Pour le stocker et, famine arrivée,
Le revendre au prix fort. La richesse
Lui vint ainsi de l’humaine détresse.
Les œufs ont éclos. Riche et puissant,
Notre chasseur a mis ces bruissants
Serpentins dans une profonde fosse,
Aux abords du palais qui le rehausse
Au rang de roi et qu’il a fait bâtir
Car, noble, il ne saurait que pâtir
Désormais dans une case banale
Comme ses sujets aux vies vicinales.
Notre roi se distrayait en pêchant.
Il surprit quelques poissons alléchants
Parlant d’une inondation prochaine,
De la furie des eaux qui se déchaînent.
Le souverain, prudent, déménagea
Ses biens et invita, pas goujat,
Tout son village à en faire de même,
Menant à la montagne sans flemme
Tout son peuple, le préservant ainsi
De ces crues que l’eau du ciel, ici
Rend tant dévastatrices que mortelles.
On l’acclama en folles tarentelles.
Les rescapés du déluge firent du roi
Un dieu. C’était, ma foi, à bon droit :
N’avait-il su prévoir la grand colère
Des nues et, noble attitude exemplaire,
Sauver d’un péril dont encore on tremble
Tout un peuple ?… Cela valait un temple !
Ainsi vieillit le chassseur de boa.
Comblé… Et adoré jusqu’à Goa.
Mais dans la fosse où grouillaient fils et filles
Du serpent, on chuchote et on babille.
Alors il s’en approche et là entend :
« La mort du vieux est pour dans pas longtemps !
Quand l’ombre chassera le jour, son heure
Sonnera. Il faudra lors qu’on le pleure !
– Ne peut-on rien faire contre ce sort ?
Fit l’homme qui se sent jà sans ressort.
– Si… Il faudrait nous redonner à Mère
Et, avec, lui rendre le don qu’amère,
Elle te confia quand vil chasseur
Tu étais. C’est ainsi : Oublie les douceurs
De ta belle vie, redeviens simple,
Pauvre et humble ou tu meurs sur ton Olympe.
– Pourquoi terminer si vite mon séjour ?
- Il n’est dette qu’on ne rembourse un jour.
Jadis, tu fis un troc : une vie sauve
Contre la richesse ; aujourd’hui, fauve
Devenu, tes biens pour ta vie,
C’est le marché, homme, qu’on te propose. »
Las, personne, contre le destin, n’ose
Aller. Notre dieu vivant chasseur
Redevint car il savait par les penseurs
Du vieux temps que, plus que tout, importe
La vie, quoiqu’elle vous prenne ou apporte.
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