Qui sont-il, ces intrus, ces fripés, ces piqués,
Tout chargés de paquets, les poches toujours vides,
De quelle planète nous ont-ils débarqué ?
Sans patrie ni patron, le regard égaré,
D’un pas terne et triste, ces grippés, livides,
En pardessus râpé vont, viennent sans arrêt…
Dans l’ombre ou bien sous l’eau, ils viennent et vont, marqués.
« Fins de droits », « déboutés », camés, fugueurs traqués,
P’tits vieux abandonnés, veuves désemparées,
L’œil fuyant, sans mot dire, ils posent une main vide
Sur un genou tremblant, l’autre au chien amarrée.
Où sont-ils ? Dans la rue, sous les ponts, sur les quais,
Victimes de la Vie et de ses vents avides,
En quête d’un abri sûr où bivouaquer.
Ils font tâche au décor : on les voudrait planqués
Alors que le pays sa richesse dévide !
Que font-ils ? Malotrus, ces crampons efflanqués,
Méprisés des gens qui poussent des cris d’orfraie,
Quêtent fraternité auprès de nos cœurs vides :
Tous ces êtres ont sombré, on les voudrait coffrer !
Qui sont-il, ces intrus, ces fripés, ces piqués ?
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