Derrière ma maison est un mur.
Dessus, se promènent
Toute la semaine
Un paon aux reflets émeraude, azurs,
Et sa compagne
Qui bat la campagne
Car jamais elle n’eut de paonnaux ;
« Une paonne sèche »
- l’expression est rêche ! -
Comme disent les Méridionaux.
Derrière ces paons de mur altiers,
Une futaie d’aulnes
Et toute sa faune
Affolée et ses silencieux sentiers
Serpentant, tranquilles,
Vers un volubile
Marais amarré sous la ramée.
Là, le butor raille
Lou, le loir qui baille,
Ou bien diffame quelque affamé.
Derrière ce rideau d’arbrisseaux,
Le marais étale
Ses sombres pétales
Au pied d’un saule qui pleure à seaux,
Comme en avalanche.
Une cane blanche,
Autour des étrons d’un tronc couché,
Va, à l’aveuglette.
En quête d’ablettes
Parmi les joncs par les vents fauchés.
Sous le vent qui va, les soulevant,
Des odeurs de fange
Écument en franges.
Des tritons jouent aux singes savants.
Une bécassine,
Entre des racines,
Fait provende de mouches, de vers ;
Entre les massettes,
Cette pique-assiette
Se pense reine de l’univers.
Ici, la libellule vrombit ;
Et si la couleuvre
Est à la manœuvre,
Entre les gentianes en fourbi,
Piquent des moustiques.
Sur la mousse, tiques
Et taons guerroient sans joie, tout le temps…
Là, on repère
La paire d’épeires
Sans repaire. Rebutant étang !
Sous son chapeau, dans ses oripeaux,
Un vieux crapaud veille
Sans repos, réveille
Les grenouilles en fort grouillant troupeau.
Concierges indignes
D’éloges, elles égratignent
Patapon, l’échassier du bas-fond
- Il boit ! - et se moquent
Sur un air baroque :
« Il est rond, le héron Patapon ! »
Et ailleurs, c’est les rats scélérats
Créchant à la fraîche.
Les laiches se sèchent.
Des roseaux plient et ploient au ras
Des boues qui imprègnent
Le règne des sphaignes,
De leurs étranges relents gazeux…
Mais j’en ai ma claque
De ce grand cloaque
Tant, comme on le voit, il est vaseux !
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