Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 5 avril 2011

DU PASSAGE D'ENFER À LA RUE DE PARADIS

Il arrive que je crayonne
Dans la capitale grognonne
Sans Capitole qui rayonne…
Sur ses grands boulevards bavards
D’humanité elle bouillonne,
Elle fourmille de mignonnes
De bruits, de cris et d’incivilités brouillonnes
Avec ses loubards, ses louvarts.

Je n’croque pas le Paris qui brille
Des filles, paillettes et résilles,
Qui s’habillent d’une cédille,
S’en défont sans plus de pudeur
Tout en strass et vins qui pétillent.
C’est tout un peuple qui houspille,
Qui a pris un jour sa Bastille ;
Toujours frondeur, parfois grondeur.

J’ébauche une artère incivile
Où bat tout le sang de la ville
Où un poulbot de Belleville,
Adossé à un marronnier,
Rêve aux richesses de Séville…
Mais, comme dans les vaudevilles,
Ce beau titi sera, quoique jamais servile,
Marinier ou gagne-denier.

Là, j’esquisse une péronelle
Qui joue un peu de la prunelle
Dans le ru noir d’une ruelle,
Puis dans le ruisseau de la rue,
Elle va, fière citadelle
En dentelles, belles et bien frêles,
Et saura se faire cruelle
Quand les lilas seront en crue.

Oui, mon trait déplume les anges
En dérangeant l’urbaine fange
D’une cité privée de franges
Où l’expansif est agressif
Quand le souffle du vent mélange
Quelques fugitives phalanges
De nuages gris et dérange
Arbres pensifs et buissons poussifs.

Mon dessin jamais n’occulte
La beauté de milles tumultes :
Les harengères qui s’insultent
Et l’éphémère tourbillon
De tourbe aigrie qui en résulte ;
Ces désordres qui parfois sculptent
Les colonnes des canards et vous catapultent
Dans le monde un quartier grognon.

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