Le Barbu, d’ennui, fit une bête.
Pour distraire un peu ses jours d’Été.
Elle, pas plus grosse qu’amulette,
Court dans l’herbette sans s’inquiéter
De Phœbus qui lui tape sur la crête,
La fait mûrir, l’a toute teintée,…
Bon Dieu, que cette bestiole est bête !
Un pigeon vient pour l’asticoter,
La prend pour une baie vénéneuse.
Repart. Ça sauve la malheureuse !
Et puis, pas piquée des hannetons,
La bête, couleur bout d’allumette,
Enfouit ses petons, à tâtons,
Sous terre et y trouve une couette
Pour passer l’hiver si glouton.
Bon Dieu, que cette bestiole est bête !
Au four du Cornu, chaud de charbon,
Le coléoptère a teint sa tête.
Ainsi, cet insecte a survécu,
Seul que le froid n’a jamais vaincu !
À l’heure où embaument les violettes,
Notre placide carapacée,
De son trou ressort enfin la tête
Alors que tant d’animaux, lassés
Par trop de l’hivernale diète,
Ont une faim de gallinacé.
Bon Dieu, que cette bestiole est bête !
Quand tourne le vent, sans finasser,
Elle s’arrache et, d’un air bravache,
Déploie les élytres qu’elle cache.
Elle fait orgie de pucerons,
Sans assiette ni serviette ;
Ça écœure même le fleuron
Des tueurs tapis sous pâquerette,
Des prédateurs et autres larrons.
Bon Dieu, serait-elle si peu bête ?!
Aux moins dégoûtés des environs,
Elle offre sa meilleure recette :
Elle joue les mortes, pattes en l’air,
Sur le dos, et leur empeste au blair !
Un prêtre qui n’avait plus sa tête,
S’est prit d’affection, à cœur ouvert,
Pour la bête - Ah, Bon Dieu ! - qui n’est point bête :
Berner le Diable, duper l’Hiver,
Pigeonner les pigeons si bébêtes,… !
Il entreprit donc, par l’univers,
De peindre, au dos de toutes ces bêtes,
Des points marquant leurs exploits divers.
Et c’est ainsi que les coccinelles
Ont l’air qu’on leur sait sous nos tonnelles !
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