Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 17 avril 2011

LA FOURMI FORMIDABLE

Petite fable affable

Dans la selva amazonica,
Une journée de labeur s’achève.
Quittant leur dôme, près du yucca,
Les dames fourmis s’offrent une trêve.
La plus aguerrie part explorer
Lieux inconnus et vastes espaces.
Elle n’hésite pas à déflorer
Des sites où la peur s’est fait sa place.

Mousse, lianes et arbres qui tombent
Dévient à peine son pas pressé.
Non, jamais son ardeur ne retombe.
Tout droit, son chemin reste tracé !
Soudain un tatou est sur sa route.
 Elle hèle le lourd carapacé :
« Eh, gros cuirassé !… Tu te déroutes ?!
Je dois, coûte que coûte, passer ! »

Bien équipé pour tout endurer,
Le tatou n’entend pas cette miette
Et, l’attente risquant de durer,
Elle saute sur son nez et, quiète,
Te le menace encore et encor’,
Puis se glisse enfin sous son armure :
De son arme elle pique son corps
Tant qu’il crie grâce sous la torture !

La fourmi reprend son chemin, fière,
Mais débouche un calme porc-épic.
« Eh, sac à main mal peigné, arrière !
Sinon je serai pire qu’aspic ;
Un tatou pourra t’en témoigner.
- Laisses-moi à mon sommeil, cloporte !
Pour passer tu n’as qu’à t’éloigner,
Ô Ma Terreur, de mon pas de porte »

Froissée, elle se glisse à ces mots,
Entre les piquants de notre bête
Et le tourmente de mille maux,
L’assaille de son dard qui l’hébète.
Et l’autre a beau se contorsionner,
Hurler, se tordre et se mettre en boule :
Elle aiguillonne des pieds au nez,
Et harponne à le rendre maboule !

Tout aussi épuisé qu’écorché,
Le porc-épic file à une source.
La fourmi saute sur un rocher
Et poursuit, l’air terrible, sa course : 
Ces combats l’avaient gonflée d’orgueil ;
Rentrée, elle sera héroïne
Et ses sœurs la couveront de l’œil.…
C’est alors qu’un tamanoir en dîne.

Illustration : David Sanjaume, 25 janvier 2011

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