« Dans ces lieux sordides que mon ombre embarrasse
’Y a tant de bougres que le Bon Dieu n’a point oints ;
Tant de mortels qui ne savent pas à quel point
Leurs dires, aussi, le sont ; tant de crétins crémeux,
Tant de créatures condamnées à la crasse ;
’Y a tant d’espèces de gros spécimens spécieux,
De marauds peu cléments au médire audacieux
Et tant de chrétiens qui ne sont de pure race !
Dans ce bas monde, si vil, où je me débats,
’Y a trop de quidams bramant leurs mélodrames ;
Trop de fils d’Abraham rêvant d’un monogramme
Pour quelque vil négoce ou un maigre vignoble ;
Trop de péquins mesquins, de laquais portant bât,
Électeurs d’édiles bâtisseurs d’édicules ;
Trop de particuliers parés de particules
Qui oublient que l’on n’est noble mais qu’on naît noble
Et trop d’Ali-baba réclamant une isba.
J’honore ce siècle affreux de ma seule prestance
Mais ’y a tant de sagouins, de chafouins, de pingouins
Ergotant, jargonnant dans d’osbcurs baragouins ;
Tant de semblables qui se disent mes pareils,
De cette valetaille incivile, qu’on tance,
Qui ose et s’oppose jusqu’à nous imposer
Ses vues ou nous contraindre à toujours composer ;
Oui, ’y a tant de graines gâtées sous mon soleil,
Tant d’autres de circonstance sans consistance.
Dans ce temps rebutant qui tant me méconnaît
’Y a trop de quelconques venant à ma rencontre ;
D’autrui, altiers du port, qui parfois m’en remontrent ;
Bien trop d’identités peu ou prou remarquables,
De sujets contrariants et d’âmes pas bien nées,
Des milliers d’inconnus que je ne veux connaître,
De citoyens moyens mitoyens de mon être,
De tiers diminués, d’étrons inéducables,
Bref y’a trop de vilains sis devant mon beau nez…
Moi, venu de Vendée et, ci-devant, Vicomte
- pour des curés achetés, pour un Dieu loué ! -
Je vous sauverai du vulgaire et des roués,
Des rastaquouères qui sont et tant, et trop,
Des métèques qui nous envahissent à bon compte,
Je rétablirai nos traditions qu’on abat
Et bannirai les ébats, orgies et sabbats
- Pour la gloire de Dieu, on n’en fait jamais trop ! -
Puis la Gueuse afin que, sur le trône, je monte ! »
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