L’œil dans le rétro’, calé dans mon siège,
Je vais de l’aérogare aux faubourgs
Et de la gare à la banlieue de Liège
Par toutes les rues. Aller et rebours…
Moi, je sillonne la nuit sans tambour
Ni trompette mieux, j’en connais les mirages
Et les dangers, sous tous les éclairages.
Dans mon taxi, j’ai vu des agités
Et des serins, des pleurs et des outrages :
J’ai vu passer toute une humanité…
Mon auto a conduit tout un cortège
De fêtards, sourds et gourds, sur le retour,
De travelos que les ombres protègent,
D’amants avec des regards de vautour,
De femmes qui se tirent sans détour,…
Des gens qui seront partout de passage,
Corps esquissés ou silhouettes sages,
Visages oubliés aussitôt quittés,
Glanés au hasard des atterrissages,…
J’ai vu passer toute une humanité.
J’ai vu ces filles qu’un client assiège,
Des noctambules et leur basse-cour,
Des paumés du petit matin qui piègent
Des frustrées à force de beaux discours,…
Du suce-goulot je suis l’ultime recours
Et le secours des victimes d’orages,
Des gosses partant pour d’autres rivages…
J’ai vu l’heureux élu, le dépité
Ou le soldat qui fuit son esclavage…
J’ai vu passer toute une humanité…
Ami, aux feux comme dans les virages,
Jusqu’à cette heure où je rentre au garage
Je pourrais dire qu’à la vérité,
Écumant sa rage ou dans le cirage,
J’ai vu passer toute une humanité…
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