Sait-on comment l’horreur attire les rapaces
Et pourquoi, dans l’horreur, toute bête ils surpassent ?!
Le sang les rassemble, tous ces vautours d’un jour,
Serrés, tous ensembles, tout autour du malheur.
S’agglutinant vraiment,
On lorgne abondamment, entre stupeur et pleurs,
Mais ostensiblement, on fait là un séjours
Silencieux, véhéments.
Ils vont se repaître de corps, dessus-dessous,
Dans ce lieu champêtre. Bien les voir, les filmer
Pour « Match » ou la télé
« Oui, vite informons-les, car on ne sait jamais :
Ces êtres mutilés ça peut faire des sous ! »
Vaine gloire volée…
Sait-on comment l’horreur attire les rapaces
Et pourquoi, dans l’horreur, toute bête ils surpassent ?!
L’odeur des charognes nourrit l’esprit chagrin
De tous ceux qui rognent les os de leur prochain.
Trémolos dans la voix,
Le témoin s’précipite au micro de Machin :
« Il devait aller vite et avec ce crachin ! »…
« Eh, poussez-vous qu’on voit ! »
Sait-on comment l’horreur attire les rapaces
Et pourquoi, dans l’horreur, toute bête ils surpassent ?!
« Ces secours qui tardent ! »… La tôle enchevêtrée…
« Oh, nous ?!… On s’attarde pour se voir les pompiers ! »
Y’a déjà des baveux
Qui questionnent qui veut et grattent leur papier.
« Si on a vu ?! Je veux ! »… « Ah, on n’est pas rentrés
Si tu veux mon aveu ! »…
Enfin l’ambulance… « Voilà qu’on est gênant !
- Nous on s’en balance : on a le droit de voir ! -
- ‘Gueule pas, l’infirmier !
- On était là premiers, et puis on veut savoir ! »…
Puis voilà les limiers qui les chassent en tonnant.
« ‘Font chier ces fumiers ! »
Sait-on comment l’horreur attire les rapaces
Et pourquoi, dans l’horreur, toute bête ils surpassent ?!
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