Petite fable affable
D’après une fable inédite d’Adrien Latapie, ami & poète
Je sais un ru moussu
Qui court, dessous-dessus, entre les perce-neige
Qui se désagrègent dans des verts plus cossus
Marquant la renaissance,
Pleine d’innocence, de fleurs sorties du piège
Et des sortilèges d’un hiver sans issue,
Dès lors, tout impuissance.
De tendres ancolies
Violette et pissenlit font un brin de causette
Quand la pâquerette, toute en mélancolie,
Jalousant la pervenche,
Cherche une revanche. Cette sotte pauvrette
Voudrait, des soubrettes, être amie accomplie,
De l’amour carte blanche !
Se voulant fleur des mais
- On ne la voit jamais ! - pour qu’on la remarque,
Ordonne tout-à-trac, qu’on devait la nommer,
Désormais, « Marguerite ».
On rit. Ça l’irrite : elle s’étire et puis s’arque,
Pour grandir en ce parc, bâtir sa renommée.
Ce fut son seul mérite !
En se poussant du col,
En s’élevant du sol, la coquette se pâme :
Sans beauté et sans âme, sans parfum au licol,
La voilà souveraine
Car son port de reine la faisait grande dame.
On le sait, la réclame, par guérets et garennes
Où son orgueil l’entraîne.
Depuis les amoureux,
Chanceux ou miséreux, effeuillent cette astrale
Vestale végétale offrant augure heureux
Ou fin expéditive…
En définitive, Couronne de pétales,
De ton destin fatal, ton trépas douloureux,
Tu es seule fautive !
À vouloir être trop,
On est moins que Pierrots : goujat ou bien bergère,
L’illusion passagère vous conduira, au trot,
À sûre déchéance ;
Et si l’arrogance n’est pas toute étrangère
À vous faire harengère ou faraud picaro,
Point de condoléances !
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