Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 21 avril 2012

AU « CHÂTEAU »

Cycle pyrénéen

Dans le vertige d’un lourd silence,
Il se dresse, là, dans l’insolence
De ses murs d’ocre battus de vents,
Ouverts sur le vert et sur le vide.
Sur ces parois résonnent souvent
L’écho des cris des croisés avides,
Sur elles roulent encore, et toujours,
Les pleurs de ceux livrés, au grand jour,
Au feu des bûchers de l’ignorance,
De ceux donnés, sans s’apitoyer,
Aux flammes crues de l’intolérance.

Mont imprenable et destins broyés,
Pierres nues de nuages noyées,
Montségur, au soleil nu, s’embrase
Comme une nef à l’ancre du temps.
Un passé trop douloureux l’écrase,
Sous un ciel de fer, de feu, de sang,…
Le temps s’arrêta sur cette arrête,
L’oubli s’est fait pierres sur la crête
Mais ce rocher fut vie et maquis,
Rocailles en écailles notoires,
Quand l’orage en rage les vainquit.

Au désert des Hommes et de l’Histoire,
Tes ruines me sont un écritoire
Pour les mémoires d’Oc endormies.
Citadelle vaincue, pas conquise,
Tu n’es qu’un nom pour l’Académie.
Pour moi, tu es, c’est là chose acquise,
Le chemin des fauves rebellions
D’un pays, peuplé de trublions,
À la grandeur effacée par l’acte
De soudards bénis, d’hommes de main
Dont l’ignominie reste, elle, intacte.

Montségur borne hier et demain
Loin de ces villes avalant l’Humain.
L’enceinte lacérée me rappelle
Que dans ce château un temps s’est tu,
Qu’inquisiteurs, enquêteurs, chapelle
Ont abattu honneur et vertu.
De l’enceinte lacérée qu’on délaisse,
Où finit un monde de sentiers,
Des souffles d’indépendance naissent…

Vestiges veufs d’un prestige entier !

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