Quand l’ombrage des fenêtres grouille
De regards crus, perçants, invisibles,
De cent mots couverts, couleur de rouille,
Quand choient des jalousies, irascibles,
D’indécents chuchotis qui chatouillent
Les deux poings tant ils sont indicibles,
Il faut fuir le brouhaha, la brouille,…
Loin du vacarme courant
Se mettre au vert, à couvert,
Là où gîte le pic-vert ;
Redevenir ignorant.
Perdue entre racines et ronces
Entre guérets, fourrés et halliers,
Il est, en forêt, quand on s’enfonce
Un cabanon bien hospitalier.
C’est un trou, un taudis, une turne
Aux murs écorchés, griffés des bruits
De ces bois quand ils se font nocturnes.
Les fenêtres béent, fleurant les fruits,
Les baies des buissons qui la voisinent.
L’automne y allume des flambeaux
De parfums de sous-bois, de résine,
Sous l’œil curieux d’un brillant corbeau.
Dans le secret herbeux des fourrés,
De la futaie mêlée de broussailles,
C’est un coin loin de toute curée,
Qui ne connaît jamais la grisaille
Une ruine qu’épargnent, feutrés,
Les remous des rumeurs qui m’assaillent.
Ce lieu drapé d’oubli et de verts,
Qui n’a pas la lumière des pierres,
Dans une ombre aux abois, m’a ouvert
Son cœur et ses habits de lierre
Où sont brodées les larmes de sang,
Géraniums redevenus sauvages.
Un vieux rosier, trop envahissant
A mangé la façade sans âge,
Ses rouges faveurs ont dévoré
La porte, éventré, depuis des lustres,
Et les tuiles du toit à l’orée
D’un ciel serein aux couleurs lacustres.
Redevenir conquérant,
Changer d’endroit, d’univers,
Se reposer des revers
Et vivre en se retirant.
Quand les persiennes percées bredouillent
Des ragots aux relents invincibles,
Qui vous éclaboussent et vous souillent,
Quand les vitres font de vous la cible
Des gribouilles, arsouilles, fripouilles
Qui font bouillir les plus impassibles,
Il faut fuir les lazzis, les embrouilles,…
Illustration : Camille Lesterle, mars 2016
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