Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 7 mai 2013

LE PAYS MALADE… & QUI LE RESTE

Petite fable affable… écrite le 21 avril 2002
Version alternative des Animaux malades de la peste, VII, 1

Un mal répandit la stupeur,
Mal que le bas peuple, en fureur,
Fit, sans détour, pour punir ses maîtres aux grands airs,
- La  Déroute (puisqu’il faut, oui, l’appeler comme tel) -
Et qui vint à sacrer, est-ce accidentel ?,
L’Extrême fit craindre la guerre.
Certes pas tous défaits, mais tous étaient frappés.
On n’en voyait point d’occupés
À chercher un coupable à vite sacrifier ;
Nul regret ne les effleurait,
Fi de programme, foin de projet
L’heure était au compte à régler.
Essuyer l’affront du rejet
C’est son responsable évincer.
Chaque chef et gourou dit à ses compagnons :
« Je crois bien que  là nous payons
Mes erreurs et mes errements.
Je suis coupable, je l’avoue,
D’agir sans réfléchir, souvent par devers vous  :
Vous m’avez donné tout pouvoir assurément
Et par  vous j’ai atteint de la gloire le faîte ;
J’ai failli. On veut donc ma tête.
Je quitte ce poste conquis et non sans mal
Sur l’Un ou l’Autre, bien banal,
Puni d’avoir repu mes appétits gloutons,
Sans me défier des moutons.
Ils m’ont élu sur des promesses,
Que je n’ai point cherché un instant à tenir.
Beaux mentirs ! 
Je veux bien expier pour tout après confesse
Mais il serait bon que tous fassent comme moi
Le mea culpa  honnête de leurs bévues
Pour voir le Mal circonvenu.
- Maître, dit l’affidé, pourquoi donc tant d’émoi ?
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Se moquer du bon peuple, cette sotte espèce,
Est-ce mécréant ? Non, non : vous lui fîtes, Seigneur,
En briguant ses voix trop d’honneur ;
Quant aux promesses, l’on peut dire
Qu’elles  n’engagent que le crédule
Qui  croit encore , mon bon Sire,
Aux chimères  comme aux  pendules. »
Ainsi dit le premier, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
On ne dit ni moins ni mieux dans d’autres repaires,
Aux moins pardonnables affaires.
Tous les margoulins, jusques aux plus malsains,
Au dire de chacun étaient de petits saints.
Au militant le tour : « Moi, comme un acharné
J’ai servi mon Roy, le pays
Comme le Parti. Personne je n’ai berné.
Et même à l’heure de l’hallali,
Toujours fidèle à moi-même et droit dans mes bottes
Je crois, pour parler vrai, avoir bien travaillé… »
À ces mots on cria haro pour l’écharper.
Et dans les autres camps, les mêmes culs on botte ;
Les responsables, c’est fatal
N’étaient pas coupables de cet horrible mal
Même si leur bilan était impardonnable,
Leur condescendance, leur cynisme abominables !
Aux laquais, il est profitable
De méditer sur ce qui a pu décevoir !
Que vous soyez gagnant ou perdant, méprisable
Est le premier barreau de l’échelle au Grand Soir.

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