Petite fable affable
Méfions-nous des méandres
De notre esprit qui fait voir
Surtout ce qu’on veut entendre,
L’espoir étant au pondoir.
Voyant partir le fermier
Et sa femme en beau corsage,
Matin, tôt, pour le village
Songeait, car ça l’arrangeait,
Que leur bon garde-manger,
Serait une proie facile !
Surtout qu’ils prenaient Agile,
Le chien de la maisonnée,
Gardien dévoué, docile,
Et difficile à berner.
À la porte du cellier.
Il lui fallut, avec niaque,
Toutes ses dents pour alliées,
Une heure toute en souffrances,
De labeur, sueur et transes
Avant la porte arracher.
Il entra. Là : le Vide.
Il ne savait pas, l’Avide,
Qu’on était jour de marché
Et les fermiers, impavides…
Penaud, glanant une graine ;
Modeste trophée, ma foi.
Il s’en retournait, en peine,
Quand le chat l’apostropha.
Il fut surpris. Mais fort leste,
Sans demander rien ni reste,
Le rat lâcha son tribut
Et s’en fut loin de la ferme
Tant qu’il lui restait, au terme
D’une histoire à courte vue,
Encore du poil au derme.
Un autour voyant le rat
Partir ainsi, croit et pense
Qu’il a vidé, scélérat,
Les réserves, que sa panse
Rassasiée, pleine à craquer,
Ferait sans rien se raquer,
Petit festin, bonne chère.
Un loup maigri prit le rat
Et, sans plus de patenôtre,
S’en délecta avant l’autre.
Chair maigre, dans l’embarras
Est plat de roi, mes Apôtres !
De deux vérité parfois
On déduit des choses fausses
Et de deux erreurs, ma foi,
Naît une vérité grosse.
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