Je reste planté, là,
À regarder passer une lourde charrette,
Incapable de voir bien plus loin, au-delà
De ces près où la neige écume jusqu’aux crêtes,
Dans l’éclat du verglas…
Quand mon vêtement vole au vent, oui, je regrette,
Sous mon chapeau de paille aux couleurs chasselas,
Le temps des prés d’été piqués de pâquerettes,
Ce temps où les oiseaux se posaient sur mon bras
Nichaient contre mon pied ou s’y contaient fleurette.
D’une becquetée, ils me faisaient le poil ras
Et m’offraient, ces anges, des trilles guillerettes…
J’ai froid, chemise ouverte et braies battant retraite,
Bouffées de boue et, las, ruminées par les rats…
J’attends, le cœur mourant, qu’advienne une lorette
Ou bien, qu’un Dieu, descendu en cette agora,
Me change en caillou de sa main dive et distraite :
Je roulerai par les chemins que je vois là,
M’écorchant aux ronces qu’aiment tant les chevrettes…
Pourtant je reste là,
Abandonné à mes rêves, il y a lurette ;
Girouette inutile, en paille et falbalas,
J’écoute le vent et les parfums qu’il secrète,
Planté dans le verglas…
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