Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 17 juin 2011

CONTE À COMPTER

Petite fable affable

Dix moutons, dans un pré clôturé, gambadaient
Et folâtraient en l’absence du vieux berger.
Rêvant de liberté, ils voulaient s’évader,
Au plus loin des fils barbelés, déménager.

Au soleil couché, ils furent neuf à filer :
L’aîné de la mêlée s’était ensommeillé.
Ces neuf moutons bien pressés de se défiler
Fuyaient à travers pré, par la lune veillés.

Ils sont arrêtés par un torrent agité
Qui n’est pas ponté. Ils hésitent à s’avancer
Mais les huit mieux trempés à l’eau se sont jetés ;
Seul, le plus petit n’a pas osé s’élancer !

L’air grise et la cloche tinte aux sauts de biquets
De nos huit casse-cou encore en randonnée.
Quand Bobbi, le chien du berger a rappliqué ;
Le plus peureux, aux abois, se laisse harponner.

Les fugueurs n’étaient plus que sept à galoper
De forêt en fourrés… Et sans se retourner !
Mais dans sa course, le plus gourmand est stoppé
Car il veut brouter pour commencer sa journée.

Aussi, à son lever, le jour n’en a trouvé
Que six, qui encore cavalaient dans l’air frais,
Car le plus gros, dans une haie, s’est retrouvé
Bloqué, sous l’œil d’une grosse chouette effraie.

Les pattes dans la rosée, cinq moutons couraient
Et bondissaient, heureux, par-dessus les fossés.
Le plus distrait voit, dans un grand champ labouré,
Un merle et en oublie les autres qui fonçaient.

Quatre moutons se sont reposés, harassés.
Au pied d’un marronnier dénudé, ils paissaient.
Le berger en a profité pour embrasser
Et ramener le plus calme sans le blesser.

Le long d’un chemin tortueux et lessivé,
Les trois galopins déjà repartaient ;
L’un d’eux, voulant sauter le mur qui le suivait,
S’embourba alors que les autres s’écartaient.

La joie a fui le cœur de nos deux échappés.
Égarés, ne sachant pour quelle route opter…
Au loin, des enfants, à grands rires, s’écharpaient ;
Le plus doux y alla pour se faire adopter.

Puis, le dernier qui continuait à errer
S’arrêta. Il a regardé de tous côtés.
Se voyant esseulé, il se mit à pleurer,
Réclamant d’être vers son bercail piloté…

Pour les bêtes et leurs bergers
L’enclos n’est bien que ménagé,
La liberte que partagée ;
C’est là morale fort âgée !

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