Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 9 juin 2011

VIVENT LES CONVIVES !

Il faudra bien en convenir
La poussière de souvenirs
Produisit sa gêne allergène
Lorsque, au restau’ de Chez Eugène,
On décida de ressouder
L’amitié aux chemins scindés.
Chacun a pu se mettre à table,
Son cœur soudain à découvert,
Avec un appétit notable
Et à mots à peine couverts.

Avec des rires qui enivrent,
De son passé on se délivre
Et on règle son addition
Tout en dégustant… Attention !
On ravale ainsi sa superbe,
Tout comme son envie de gerbe,
Pour la fourchette des non-dit,
D’allusions un peu cavalières,
Pour le couteau de quelque on-dit
Servi à la grosse cuillère,…

Le pain a du mal à passer
Avec tous ses plats repassés,
Resservis tant qu’ils s’affadissent,
Réchauffés tant qu’ils refroidissent,…
Mais pas un ne s’écrit assez
À l’indigestion de passé.
Il y a pourtant trop d’amertume,
De boniments en condiment,
Même dans les petits légumes ;
De grains de sel, tout bonnement.

Ces agapes de la vieillesse,
Entre amis de folle jeunesse,
Verse du poivre sur des plaies
Jamais cicatrisées. Des legs…
Pourquoi revenir en arrière,
Vouloir des entrées familières
À l’heure où nous vient le dessert ?
Jusqu’au dernier sévice,
Au festin du destin, on sert…
Mais jamais de second service !

Il faudra bien en convenir
Et ne plus jamais y revenir,
Au restau’ de ce vieil Eugène,
Même si on nous morigène :
Les apprêts aigre-doux des Moires
Font du radeau de la mémoire
Une Sirène qui cabote
Sur la mer de vieux souvenirs,
Une Gorgone qui radote
Sur l’amer de ces souvenirs !

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