Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 1 juin 2011

À CASTILLON

Cycle pyrénéen


Le soir à Castillon
Y’a rien pour se distraire.
Dès qu’la soirée commence
On improvise un groupe ;
‘Faut un accordéon,
Un’ boha, tant qu’à faire,
Et des flût’ pour qu’la danse
Remue un peu la troupe.

Venez les filles, entrez les gars,
Pas besoin de soie, ni d’alpaga,
Pas besoin d’ami, ni de copine.
Dia, ici on n’est pas au couvent
Les gars ont le regard qui rapine,
Et les filles ont bras et jamb’ au vent ;
Les décolletés sont de la fête
Et te font tourner plus d’une tête.

Qui valse à Castillon
N’a pas l’mourre maussade.
Tout le monde se pique
De polka du pays,
Tout n’est que tourbillon,
Pas, sauts, tours et glissades,
Tout un floklor’ typique
Qui souvent ébahi.

Plus d’une fille et bien plus de gars,
Dans l’parfum fleuri des seringats,
Chantent quand la musique clampine.
Résonnent alors des accents fervents
Plus vieux que le chêne ou l’aubépine,
Dans la lengua nostre, comme avant ;
C’est toujours comme ça dans nos fêtes :
On ne se met pas martel en tête !

Le soir à Castillon
On sait toujours quoi faire.
Plus la soirée avance,
Plus on remue la croupe,
Et on rit sous l’néon ;
Les jeunes qu’aim’ à braire
Et les vieux, dans l’ambiance,
Se balanc’ et chaloupent.

Toutes les filles et tous les gars,
Sont sous l’regard de vieilles gagas
Qui veul’ pas qu’la rose ait d’épine.
Elle se méfient des Jeunes, souvent,
Oubliant qu’en leur temps la chopine
Et les « t’aimi » sous l’arbre ou l’auvent
Faisaient partie, aussi, de la fête
Et leur ont fait parfois perdr’ la tête.

Qui passe à Castillon
N’vient pas qu’pour l’embrassade.
C’est que l’on est tonique
Comm’ partout au pays,
Mêm’ si ton cotillon
Et tes pas, Camarade,
N’sont pas académiques,
On n’se sent pas trahi !

Qu’on soit un’ fille, qu’on soit un gars,
Quand on a mal aux nougats
On trouve un ou une autr’ qui clopine.
C’qui s’passe alors, ‘faut pas êt’ savant
Pour l’deviner, sans qu’on en jaspine.
C’est comme ça qu’au soleil levant
Des couples neufs rentrent de la fête
Quand d’autres s’font ou s’prennent la tête.

Le soir à Castillon
Y’a rien pour se distraire.
Dès qu’la soirée commence
On improvise un groupe ;
‘Faut un accordéon,
Un’ boha, tant qu’à faire,
Et des flût’ pour qu’la danse
Remue un peu la troupe…
Le soir à Castillon
On sait toujours quoi faire.

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