Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 19 juin 2011

LE PASTOU & LE MATOU

Petite fable affable
« Qu’as-tu fait d’utile pour mieux m’être agréable ?! 
Tout le jour, tu traînes aux prés, paresses à l’étable. » 
Pestait le pastou tout haut contre son matou : 
« Sale animal, tu n’es pas comme mon patou
Qui mène, dès l’aube, mon troupeau aux champs paître ;
Il obéit au sifflet de son maître,
Chasse le chemineau,
Le lièvre et l’étourneau. » 

L’oeil dédaigneux à ce discours, le chat se lèche.
Le rustique n’avait pas épuisé ses flèches :
« Toute la Nature se plie à mon vouloir,
Pour mes besoins, de mon silo à mon saloir.
Quant à l’herbe folle ou à l’animal nuisible,
Je les détruis autant qu’il m’est loisible !
Toi, t’es capon, glouton,
Larron et faux jeton ! »

« Ta tirade, moi, je m’en frise les moustaches,
Maîtres Jacques !… Le Très Haut m’a donné pour tâche
De t’offrir mes services sans t’être servile
Pour qu’humble tu restes, gardant façons civiles.
Nul besoin d’être malléable et corvéable,
Ou même “utile” pour être agréable ! »
Et pour clore le chapitre,
Il s’en lapa un litre.

« Chameau de chat teigne, si j’t’attrapes j’te châtre !
Tu ne troubleras plus, ainsi, mes nuits de pâtre
Et c’est là châtiment digne d’un raisonneur.
Tu vas goûter, chafouin, du tromblon, sur l’honneur,
Et mêm’ du poison !… Un chattemite inutile
Qui veut m’en remontrer, ça m’horripile !…
Ah, suppôt de Satan
Tu vas voir c’qui t’attend ! »

Mais le geste ne put se joindre à la parole.
Le mistigri s’en fut, comme on fuit la vérole,
Se donner au meunier, consolant ses chagrins
En faisant ménage en grand par les sacs de grains.
Ce maître-là l’aima sans condition aucune ;
Il en oublia rancœurs et rancunes,
Jusqu’à ce paysan,
Malfaisant suffisant.

Matin, il advint un accident à la ferme :
La bergerie croule sur tout ce qu’elle enferme.
Le berger perdit d’un coup son toit et son bien,
Pleura prou et rossa son bon chien ô combien
Pour calmer son ire. Puis il va en chapelle ;
À Dieu, d’abord injurié, en appelle,
Promet de s’amender
S’Il vient le démerder.

Le chat vint au bercail, son horreur passant outre.
 « Un rat fit ce fatras, en rongeant votre poutre ! »
Dit-il à qui, tantôt, prétendait l’écharper.
« Pourquoi, chapardeur, ne pas l’avoir attrapé, 
Quand, matou matois, tu vivais dans mon étable ?! »
« Mais que m’avez vous donc fait d’agréable ,
Pour que,  fermier futile,
Je vous sois donc utile ? »

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