Petite fable affable
Un éléphant, plus large encore d’esprit
Qu’il ne l’est de corps, s’ennuie dans sa savane
À voir passer la cohorte, en caravane,
Des sujets du roi Lion, des malappris,
Depuis le zèbre, qui est un drôle d’âne,
Jusqu’au lucane, ce nain qui souvent crâne.
Ils ne taisent pas devant lui le mépris
Qu’inspire ce monarque que l’âge fane :
Un sot inculte, trivial, mégalomane,…
Tous ces êtres qui accordent tant de prix
À la protection de leurs biens, de leur cabane,
Assurée par ce Lion que Râ basane,
N'en sembleraient pas pour autant très épris
Pas plus que la reine, une nymphomane,
Qu’on dit fille de tzigane ou de gitane.
L’éléphant, surpris, croit avoir mal compris ;
Il tend l’oreille aux paroles partisanes
Et aux propos des singes, toujours insanes.
Sobre comme un chameau, souvent incompris,
L’éléphant n’avait pas l’âme courtisane,
- Sur ce point des us, il était même profane ! -
Ne se sentant pas autruche, il entreprit,
Sans chercher quelque honneur ou bien la chicane,
D’en informer le Lion, sous le platane
Où il trônait, tournait, comme en cage pris.
Faisant retentir au ciel son bel organe,
De sa mémoire, il ouvrit grand les vannes.
Le balourd débite ce qu’il a appris
Et a tout dit jusqu’à ce qu’il tombe en panne.
Le monarque fut heureux de cette manne ;
Lui qui peignait la girafe a bien compris
Quoi faire avec ce drôle de zèbre, âne
Dont les dires lui tourneboulaient le crâne.
Les ignorer fut toujours son parti pris ;
Les ouïr lui fit briser plus d’une canne.
Le bruit en courut, tel gazelle diaphane.
Le pachyderme agit, l’avait-il compris,
Contre lui bien qu’il ait versé, sous la banne
Royale, avec son hôte, des jerricanes
De ces larmes de crocodile sans prix.
L’énorme hors norme ayant fait pis qu’hurricane
En Louisiane, le roi des savanes
Bannit, loin du royaume, ce malappris
Traité de mythomane, d’érotomane,
De pyromane, de cocaïnomane,…
Comme toute vérité n’est pas si bonne
À dire, c’est souvent à ceux qui rapportent
Les dires d’autrui qu’on montre, vert, la porte
Et ceux qui les ont proférées qu’on bouchonne !
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