Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 9 décembre 2011

LA RUE FOURBUE

Cycle toulousain

La vieille rue, là où elle devient fourchue
Et se distribue en deux ou trois autres rues,
Est fourbue de sentir ces cohues sans décrue
Jeunes grues assidues et gars aux doigts crochus,
Morues moustachues ou bien vieilles en fichu…

Sillonnée de barbus autant que de tondus,
Semailles d’imprévus et moisson d’entrevues,
N’y germent que bévues, défilés et revues,
Que pleurs ou pas perdus et malentendus,
Amours attendues, cœurs tordus, esprits tendus,…

Populeuse bien plus qu’une grande avenue,
 Rendue cossue, et mise sens dessous dessus,
Elle qui fut pentue, car dodue et bossue,
La voici ossue, droite et tout en continu.
Morfondue, notre rue ne s’est pas reconnue !

Couverte de verrues, elle qu’on a vendue,
Qu’on a mordue, battue et courbatue,
Se souvient, toute émue, qu’elle fut dévêtue,
En ce temps distendu où nul individu,
En son sein las, fendu, ne s’était répandu.

Mais, elle, si ventrue, se rêve encore herbue,
Courue de charrues et de chevaux disparus,…
D’humeur bourrue face à ces foules qui l’obstruent
Ses murs larmoient quand ses réverbères s’embuent :
Elle pleure drue sur tous, et toute honte bue !

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