Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 13 décembre 2011

LES MÉNINES

Cycle toulousain

      Sur le banc, devant la sacristie, deux mamies pépient à demi comme des amies. Toutes en jabot et en sabots, ces toupies, trotte-menus mais bonnes chrétiennes, jabotent charitablement sur les cornus méconnus et sabotent sans retenue les vertus des ingénues. Ces commères commercent sans merci, la piété sans pitié, colportant sur les mal portants, jacassant sur les passants : ça papote et ragote sur les gargotes sans raison, ça babille et vous habille pour toutes les saisons, ça médit sans répit et ça glapit des on-dits avec mépris - il n’y a pas de fumée sans feu ! - et, éternelle oraison, calomnie les manies ou potine sur les poitrines et les popotins,… Ces viragos cancanières, si peu casanières et sans alter ego, jasent à tout bout de phrase, et même, pipelettes, entre deux emplettes, caquettent et ruminent en tête-à-tête, surveillant un brin, veillant au grain. Sait-on jamais avec Machin !
   Sous leur fichu rouge, ces deux maritornes à l’œil morne, diffament les femmes, vilipendent, tondent et pendent : on fait la causette sur les misérables, on bave sur les souillons et les couillons, on mégère sur les filles légères, on flétrit les fleurs fanées après avoir minaudé sur les mijaurées. Mais ces harpies, pis que pies bavassent aussi sur les miséreux, insinuent sur ceux qui s’exténuent, fustigent les fainéants,… L’œil torve, le verbe haut et la mamelle basse ces fidèles pleines de mauvaise foi conciliabulent en coinçant la bulle et, souventes fois, polémiquent même dans leurs mimiques à propos de qui plastronne ou poltronne.
   Mordantes et mesquines, du matin au soir, ces matrones grinçantes font carton plein et, même si, pour le commun, elles causent sans conséquence et baratinent pour du beurre, il faut que ces mégères clabaudent à tout va et daubent en divas. Incisives jusqu’à en être canines, c’est fou ce qu’elles ont la dent dure quand elles déblatèrent, ces chamelles !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire