Petite fable affable
Un coquelet inculte mais ayant un bon caquet,
Coquet olé olé mais laid, de cocu mêlé,
Quoique croqueur de cocotte et craquant freluquet,
Était pour sa basse-cour le pire des boulets.
À tout écho, coco aimant à cocoriquer,
Il raisonnait et, sur tout, faisait de longs couplets ;
Il résonnait haut et fort et, partout, reluquait.
Comme un feu follet, il sautait sur tous les collets.
Pensant noir, chantant clair, ce bourricot critiquait
L’école qu’on a, à sa basse-cour, accolée
Où toute poulette qui éduquait le moquait.
On ne pouvait le celer, pour ne pas le saouler,
Il fallait courbetter, courtiser et non tiquer.
Ce lieu formait, en trop, rebelle engeance à cibler
Et future concurrence qu’il faudrait traquer
Par monts et vallées,… Donc, il le fallait ravaler !
Aussi réforma-t-il non sans fort communiquer,
Bref, il a craché sur tout, divisé, accablé.
La poule a toujours pondu. Pourquoi tout compliquer ?
Couver se fait sans savoir écrire ou calculer,
Picorer des vers sans apprendre à tout disséquer,
Obéir se fait sans persifler ni pourparler !
La sagesse affabulée, les savoirs en paquet,
Du balai !… Tant pis pour La Fayette et Du Bellay !
« Poule est métier qui ne s’apprend pas : faut s’appliquer,
Après s’être un temps affalé, sans plus s’affoler ! »
À tout transformer, notre coq s’est vite attaqué :
Le dernier des perdreaux de l’année sachant voler
Il peut donc, c’est logique, pondre ! Il en a convoqué
Et mis au nid. Ce fut insuccès à signaler !
Quelques œufs restants, il les fit couver sans tarder
Par coucous en allés après avoir tout sifflé.
Rien ne marchant, il continua à trafiquer,
Affermant, acculé, la formation des poulets
À la première buse venue ; elle a croqué
Ceux qui craquaient. Les petits poussins les moins zélés
Sont édifiés par d’authentiques canards, laquais
Du cocoricant ; ils ont noyé ceux des ailés
Qui, ne sachant nager, ne sont pas restés au quai.
Mais il s’aveuglait, refusant de désatteler.
Il recourut à des faisans pour domestiquer
Qui, chez ses ouailles, veut dans ses plumes voler,
Lui clouant le bec, en la faisant bosser, raquer,
Jusqu’à l’âge de passer au pot. Oui, roucouler
N’était plus dans les us - voilà l’os ! - quitte à choquer.
Pour que ça cesse de caqueter dans les allées,
Il réduit la part de grains des causeurs démasqués
Pour mettre sur sa tablée cette dîme volée.
Au fil de ses nouveautés, la ferme, elle, trinquait.
Bien trop bousculée, elle a, peu à peu, basculé ;
Enfin, elle fut fermée des verrous aux loquets.
Gardons-nous des réformateurs, loups ou coquelets
Qui se croyant renards, racontent que leur baudet
A la rage pour le zigouiller sans faire hurler.
C’est ainsi, qu’ici-bas, tout a été détraqué
Sans que poulaille et volaille aient fait plus que râler !
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